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OUBLIER, verbe trans.
Étymol. et Hist. A. Trans. 1. fin xes. «ne pas garder dans sa mémoire» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 410); 2. a) ca 1050 «ne pas garder présent à l'esprit, négliger» (Alexis, éd. Chr. Storey, 619: La dreite vide nus funt tres-oblïer); b) ca 1050 (ibid., 157: Mais la dolur ne pothent ublïer); c) ca 1165 (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 3195: Ne pot oblïer por nul plait Le damage qu'il li ont fait De son pere e de sa lignee); d) 1456-67 oublier son courroux (Cent nouvelles nouvelles, éd. F. P. Sweester, 30, 220). B. Pronom. 1. a) ca 1100 «se relâcher, manquer à ses devoirs» (Roland, éd. J. Bédier, 1258) encore à l'époque class.; b) ca 1120 «négliger de (faire quelque chose)» (St Brendan, éd. I. Short et B. Merrilees, 305); c) 1176-81 «cesser d'avoir conscience de soi (en partic. dans le vocab. amoureux: entrer dans une sorte de transe)» (Chrétien de Troyes, Chevalier Charrette, éd. M. Roques, 715), sur les sens propres à l'a. fr. développés dans la litt. épique et courtoise, v. M. Pelan ds Rom. Jahrb. t.10, pp.59-77; 2. a) ca 1200 «perdre de vue sa dignité» (Jean Bodel, Saxons, éd. F. Menzel et E. Stengel, 1563); b) 1588 «faire passer l'intérêt d'autrui avant le sien propre par abnégation» (Montaigne, Essais, III, X, éd. P. Villey, t.1, p.1006); c) 1882 «faire ses besoins là où il ne faut pas» (Zola, loc. cit.). Du lat. pop. *oblitare (v. REW3, no6015), dér. de oblitus part. passé du class. oblivisci «ne plus penser à; perdre de vue»; au sens de B 1 c cf. antérieurement l'a. prov. s'oblidar (Marcabru, 1130-50 cité par M. Pelan, ibid., p.75, v. aussi Levy (E.) Prov.).