OU, conj.
Étymol. et Hist. A. Marque une alternative dont l'un des termes entraîne l'exclusion de l'autre
1. 1
remoitié
xes. (
Jonas, éd. G. de Poerck, 139: Se Ninive destruite astreiet
u ne fereiet);
ca 1050 (
St Alexis, éd. Chr. Storey, 204: Il me prendrunt [mi parent] par pri
ou par poëste; 597: Dusur[e] terre nel pourent mais tenir: Voilent
o non, sil laissent enfodir [St Alexis]);
ca 1100 (
Roland, éd. J. Bédier, 102: En la citet nen a remés paien Ne seit ocis
u devient crestien; 2663: Ne finerai en trestut mun vivant Josqu'il seit mort
u tut vif recreant);
2. ca 1100
u... u (
ibid., 1730:
U pris
u mort i fust li reis Marsilie);
ca 1170 (
Marie de France,
Lais, éd. J. Rychner,
Guigemar, 497-498:
U il avrat hastif sucurs,
u li esteot vivre a reburs);
2. 1130-40
o (+ subj.) ...
o (+ subj.) «soit que... soit que» (
Wace,
Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 767-768:
O il volsist
o ne deignast,
o bel li fust
o li pesast, Li estuet la dame esposer);
3. a) ca 1150
ou... ou en corrélation avec un compar. dépendant de
qui ou de
lequel interr. (ici, interr. indirecte) (
Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 98: Or verrons qui porra plus
ou Apollo
ou Laus); 1176-81 (
Chrétien de Troyes,
Charrette, éd. M. Roques, 4331);
b) 1160 introduit le 2
eterme d'une interr. indir. double
se... o se «si... ou si» (
Eneas, 67 ds T.-L.: Demande a toz comunalment
S'il se voldront o lui tenir...
O s'en voldront retorner enz...);
c) 1160-74 introduit une interr. indir. double
u... u «si... ou si» (
Wace,
Rou, éd. A. J. Holden, III, 599: Ele l'enpeinst de tel aïr, Ne sai
u od piez
u od meins; III, 5616-17);
4. 1229 après un impér., introduit la conséquence qui s'ensuivra si l'ordre donné n'est pas observé (
Gerbert de Montreuil,
Violette, éd. D. L. Buffum, 142: Aprendés a valoir maris,
Ou vous m'avés perdue).
B. Marque une alternative sans opposition radicale entre deux éventualités
1. ca 1100 (
Roland, 3670: S'or i ad cel qui Carle cuntredie, Il le fait pendre
o ardeir
ou ocire); 1160-74 (
Wace,
Rou, III, 83: Des tresturnees de ces nuns..., Poi
u nïent seüssum dire Si...);
ca 1170 (
Marie de France,
Lais, Guigemar, 16: Nel voil mie pur ceo lessier, si gangleür
u losengier Le me volent a mal turner);
ca 1190 (
Floovant, 8 ds T.-L.: ...nul home...Qu'il ne vosist ocire et les mambres tolir,
Ou pandre an autes forches
ou detraire a roncins);
ca 1200 (
Chanson de Guillaume, éd. D. McMillan, 578: S'il erent pors
u vers
u sengler, De hui a un meis nes avrium tuez);
2. ca 1160
o bien... o «ou... ou; soit... soit» (
Eneas, 7152 ds T.-L.);
3. a) 1176
ou... ou (
Chrétien de Troyes,
Cligès, éd. A. Micha, 5830: ...ceste dame n'est pas morte..., Se je vive ne te la rant
Ou tu m'oci
ou tu me pant!);
b) 1176-81
ou soit... ou (
Id.,
Chevalier au lion, éd. M. Roques, 4050: Lors liofre a doner del suen Li sire, s'il an vialt avoir,
Ou soit de terre
ou d'autre avoir...);
c) 1269-78
ou que... ou que «soit que... soit que» (
Jean de Meun,
Rose, éd. F. Lecoy, 15399-400);
d) xiiies.
o se... o se «
id.» (
Ysopet de Lyon, 940 ds T.-L.).
C. Marque le choix entre deux numéraux
ca 1100
u... u; u... u... u (
Roland, 41: S'en volt ostages, e vos l'en enveiez,
U dis
u vint...; 148).
D. Marque une équivalence entre deux termes de même signification, d'appellation différente 1546 (
Hypnerotomachie ou discours du songe de Poliphile...traduit de langage italien en françois par J.
Martin et J.
Gohory ds
Cioranescu 16e, n
o14715). Du lat.
aut conj. disjonctive «ou, ou bien» (liant deux mots, deux prop.) pouvant être renforcé par diverses particules:
aut certe, etiam, sane, potius...; avec redoublement:
aut... aut «ou bien... ou bien; soit... soit», servant à marquer que chacune des deux alternatives exclut l'autre.
Ou a assumé également les empl. de
vel, employé pour marquer que la distinction qu'on a pu établir n'avait pas d'importance [proprement «si vous voulez»], aussi employé pour corriger un terme, une expression dont on vient de se servir:
vel dicam, vel potius.