ONGLE, subst. masc.
Étymol. et Hist. I. 1. Début
xiies. «serre (des oiseaux de proie)» (
St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 1012);
2. 1121-34 «griffe des mammifères carnassiers (ici loup)» (
Ph. de Thaon, Bestiaire, 40 ds T.-L.);
3. 1
remoitié
xiies. «sabot des ongulés» (
Psautier Oxford, 68, 36,
ibid.); d'où
4. loc. fig. qui s'appliquent à des hommes
a) 1606 [
avoir]
bec et ongles (
Nicot);
b) 1611
coniecturer le lion par les ongles (
Cotgr.);
c) 1863
ouvrir l'ongle (
Vigny, Destinées, p.168).
II. 1. Ca 1130 «partie cornée qui chez l'homme revêt l'extrémité des doigts et des orteils» (
Lois Guillaume, éd. J. E Matzke, 11: al
ungle del petit dei); d'où 1370
ronger ses ungles (
Oresme, Eth., 203 ds
Littré); 1580 fig. (
Montaigne, Essais, éd. Villey-Saulnier, I, 26, p.146: m'estre rongé les
ongles à l'estude d'Aristote);
2. a) xives.
rongnier bien près les ongles à qqn (
Lett. de Marcel ds
Hist. de Flandre, t.II, p.390 ds
Littré);
b) 1842
avoir les ongles crochus «trait physique caractérisant un usurier» (
Reybaud, loc. cit.); d'où 1896 «être avare, rapace» (
Delesalle, Dict. arg.-fr. et fr.-arg.);
3. loc. avec valeur superl.
a) 1606
sur l'ongle «parfaitement» (
Hist. maccar. de Merlin Cocc., XI ds
Gdf. Compl.);
b) 1694
jusqu'au bout des ongles (
Ac.).
III. Début
xives. [ms.] art vétér. (
Lapidaire de Berne, 1109 ds
Lapidaires, éd. L. Pannier, p.142).
IV. 1366 «tout instrument en forme d'ongle, de crochet, ici instrument de torture» (
Mir. de st Ignace, 687 ds
Mir. de N. D. par personnage, éd. G. Paris et U. Robert, IV, 97). Du lat.
ŭngŭla «serre, griffe, sabot, ongle», dér. du lat.
unguis «ongle» qui a disparu relativement tôt étant donné son absence dans les lang. rom. (v.
FEW t.14, p.410); cet emploi de
ŭngŭla est d'orig. pop., plusieurs parties du corps ayant, en lat. pop., reçu des désignations de ce genre (v. aussi
jambe); jusqu'au
xvies. le genre du mot est le plus souvent fém. comme son étymon latin.