OMBRE1, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. a) 938-50
umbre «protection que donne un ombrage contre les rayons du soleil; espace privé de lumière par l'interposition d'un corps opaque» (
Jonas, éd. G. de Poerck, 146);
b) mil.
xiies. fig. «abri, protection» (
Psautier de Cambridge, éd. Fr. Michel, 56, 1: en l'
umbre de tes eles espererai);
c) 1640
porter ombre «nuire» (
Oudin Ital.-Fr.);
d) 1667 terme de peint. (
Séb. Bourd., Conf., Jouin, p.82 ds
Brunot t.6, p.734); 1667 fig.
c'est une ombre au tableau (
Boileau, Satire IX, éd. A. Cahen, p.131);
e) 1745 arg.
mettre qqn à l'ombre «le tuer» (
Fougeret de Monbron, La Henriade travestie, IV ds
Littré);
2. a) ca 1160
par umbre de moi «en prenant prétexte de moi» (
Enéas, éd. J. J. Salverda de Grave, 9849);
b) 1280
sous ombre de «sous prétexte de» (
Clef d'Amour, 1196 ds T.-L.);
3. a) ca 1165 «image réfléchie de quelqu'un, reflet (dans l'eau)» (
Benoît de Sainte-Maure, Troie, éd. L. Constans, 17692);
b) 1176-81 (
Chrétien de Troyes, Chevalier Lion, éd. W. Foerster, 1865: qui peor a de son
ombre);
c) 1547 «ce qui est vain, ne dure pas» (
Melin de Sainct-
Gelays, OEuvres, éd. P. Blanchemain, t.1, p.202);
d) 1549
combatre son ombre (
Est., s.v. combat);
e) 1611
courir après son ombre (
Cotgr.);
f) 1680
c'est l'ombre et le corps (
Sévigné, Lettres, éd. Monmerqué, t.6, p.349);
g) 1776
ombres chinoises (Arch. de Grenoble, FF 53 ds
Brunot t.6, p.1099);
4. 1549 «[dans la mythologie gréco-latine] aspect que prenaient les morts» (
Du Bellay, Vers lyriques, II, 18 ds
OEuvres, éd. H. Chamard, t.3, p.9);
5. 1585 «ce qui attriste» (
Noël du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t.2, p.243). Du lat.
umbra «ombre produite par l'interposition d'un corps; ombre d'un objet; ombre d'un mort, fantôme, spectre; lieu ombragé; apparence»; le mot est souv. masc. jusqu'au
xvies.