OBLIGER, verbe trans.
Étymol. et Hist. I. 1. 1243 pronom. et trans. dr. «(s')engager, (se) donner comme caution» (
Chartes et doc. poit. du XIIIes. en lang. vulg., éd. M. S. La Du, t.2, p.309: en
avom obligé nos e totes les noz chou[s]es moubles et non moubles); 1459 part. passé subst.
le principal obligé (
Coutumes de Bourgogne, chap.V ds
Nouv. Coutumier gén., t.2, p.1174); 1468 part. passé subst.
obligé «personne liée par une obligation juridique» (
Ordonnances des Rois de France, t.17, p.143: tels debteurs et
obligez); 1690
obligé «acte passé entre un apprenti et un patron» (
Fur.);
2. ca 1245 part. passé adj.
ablégie «fortement liée, constante» (
Philippe Mousket,
Chron., éd. de Reiffenberg, 4976);
ca 1265
obligier «lier par une obligation morale» (
Brunet Latin,
Trésor, éd. F. J. Carmody, III, 78, p.398); 1260-1311 pronom. «s'engager» (
Auberon, éd. J. Subrenat, 1543: A vous servir voel mon cors
obligier);
3. a) ca 1485 «contraindre, forcer» (
Mistere Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 3670: Tous
obligez sont a cecy [à mourir]); 1530 (
Palsgr., p.424a: je
suis obligé de le faire); 1540 (
N.de Herberay des Essars,
Le Premier Livre de Amadis de Gaule, éd. H.Vaganay, t.1, p.87: la raison vous
oblige à dire ce que vous dictes);
b)1703 mus. (
Brossard,
Dict. de mus., s.v. obligato: a deux violons
obligez [...] Basson
obligé); 1705 (
ibid., s.v. fugue: fugue [...]
obligée); 1757
récitatif obligé (
Diderot,
Entretiens sur le Fils naturel, p.165); 1768
partie obligée (
Rousseau);
c) 1797 part. passé adj. «imposé par l'usage, les circonstances; nécessaire, inévitable» (
Chateaubr.,
Essai Révol., t.2, p.402: décrire [...] leur courbe
obligée); 1825 en parlant de qqn (
Brillat-
Sav.,
Physiol. goût, p.390: l'intermédiaire
obligé).
II.a)1370-72 passif «être lié (à quelqu'un) par un lien de reconnaissance» (
Oresme,
Éthiques, éd. A. D. Menut, p.460: il
est plus tenu et plus
obligié a son bienfaicteur); 1540 part. passé adj. et subst. «(personne) redevable à quelqu'un d'un service, d'un bienfait» (
N.de Herberay des Essars,
op. cit., t.1, p.7 et p.66);
b)av. 1378 part. prés. adj.
obligant «empreint de reconnaissance» (
Jehan d'Arkel [et non
Jehan Le Bel],
Li ars d'amour, éd. J. Petit, t.1, p.389: paroles humles et
obligans); 1601
obligeant «qui a le caractère de l'obligeance» (
Charron,
Sagesse, l. III, chap.XI, p.616 ds
Gdf.: bienfaicts [...)] plus ou moins
obligeans); 1636 en parlant de qqn «qui aime à rendre service, à faire plaisir» (
Monet); 1828-29 part. prés. subst. «personne qui aime à rendre service» (
Raban, Marco Saint-
Hilaire,
Mém. forçat, t.1, p.105: le métier d'
obligeant). Empr. au lat.
obligare «attacher à, contre; fig.: lier, engager, obliger (par un contrat; un voeu; un bienfait, un service)», dér. de
ligare «attacher, lier» au moyen du préf.
ob- «devant; à cause de, pour; en échange de».