OBJET, subst. masc.
Étymol. et Hist. I. 1. 1370-72 «toute chose qui affecte les sens et en particulier la vue» (
N. Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut,
La table des moz divers et estranges, fol. 223c, p.545); 1370-72 «ce qui frappe les autres sens» (
Id., ibid.);
2. 1784 «se dit de tout ce qui est doté d'existence matérielle»
objets de frivolité (
Necker, Admin. fin., IV, p.547 ds
Brunot t.6, p.384, note 5); p. ext. 1831
objet d'art (
Michelet, Introd. Hist. univ., p.433).
II. 1. 1370-72 «tout ce qui se présente à la pensée, qui est occasion ou matière pour l'activité de l'esprit » (
N. Oresme, op. cit., livre X, chap.VI, fol.204d et note 5); en partic. 1647 philos. «ce qui est donné par l'expérience, existe indépendamment de l'esprit» (
Descartes, Méditation troisième ds
OEuvres et lettres, éd. A. Bridoux, p.288);
2. 1556 «se dit de ce qui, être ou chose, est la cause, le motif d'un sentiment» (
Ronsard, Nouvelle continuation des Amours, p.2 ds
OEuvres, éd. P. Laumonier, VII, p.272);
3. 1612 «ce vers quoi tendent les désirs, la volonté, l'effort et l'action» (
Régnier, Satyres... revueues et augmentées, Paris, Toussaincts du Bray, XIII, 10); en partic. 1669 «matière, substance, sujet d'une étude, d'un ouvrage» (
Pascal, Pensées, éd. Lafuma, 586, p.583: l'
objet de la géométrie ... l'
objet de la médecine);
4. 1798 gramm. «désigne le complément ou régime direct» (
Condil., Gramm., II, 26 ds
Littré); 1922
compléments d'objet (
Brunot Pensée, p.300);
5. 1804 dr. «ce sur quoi porte un droit, une obligation etc...» (
Code civil, art.525, p.97). Empr. au lat. scolast.
objectum proprement «ce qui est placé devant» (part. passé subst. neutre de
obicere «placer devant») d'où «ce qui possède une existence en soi, indépendante de la connaissance ou de l'idée que des êtres pensants en peuvent avoir» (
Blaise Lat. Med. Aev.), s'oppose à
sujet* surtout en gramm. et en philos., bien que dans la lang. cour. la distinction ne soit pas toujours observée.