OBJECTIF1, -IVE, adj.
Étymol. et Hist. I. 1. 1642 «qui constitue un concept, une représentation de l'esprit et non une réalité formelle» (
Descartes,
Lettre, A. Mersenne, mars ds
OEuvres et lettres, éd. A. Bridoux, p.1145: Car bien que l'être
objectif de l'idée doive avoir une cause réelle, il n'est pas toujours besoin que cette cause la contienne
formaliter...);
2. 1810 «qui a une réalité en lui-même, indépendamment de la connaissance, de la volonté d'un sujet» (
Staël,
Allemagne, t.4, p.124);
3. 1814 «qui repose sur l'observation et l'étude des phénomènes objectives, sur l'expérience»
points de vue subjectif et objectif (
Maine de Biran,
Journal, p.33);
a) 1950 psychol.
méthode objective (
Choisy,
Psychanal., p.16);
b) 1958
symptômes objectifs (
Garnier-
Del.);
4. 1815 «qui est valable pour tous les êtres pensants, qui peut faire l'objet d'une connaissance universelle»
sens objectif (
Maine de Biran,
op. cit., p.39);
cf. 1823
des lois objectives (
Id.,
ibid., p.408);
5. 1866 «qui juge, décrit les êtres et les choses sans faire appel à des préférences individuelles» (
Amiel,
loc. cit.);
6. 1890 «qui est conforme à la réalité, qui manifeste un souci d'exactitude et d'impartialité [
une]
critique objective (
A. France,
Vie littér., p.176).
II. Ca 1680 opt.
verres objectifs (
Cassini,
Anecdotes de la vie de J. D. Cassini rapportées par lui-même, 3
epart., p.295).
III. 1868 ling.
cas objectif «cas qui exprime le complément direct des verbes» (
Littré); 1933
génitif objectif (
Mar. Lex., p.130). Empr. au lat. médiév.
objectivus, terme de scolast. qui signifie «appartenant à l'objet de la pensée» et chez Duns Scot «qui constitue une idée, une représentation de l'esprit» (
Blaise Lat. Med. Aev.) formé sur
objectum, v.
objet. Objectif est attesté bien av. 1642 étant donné la date du dér.
objectivement*; d'abord terme de scolast. et de philos. opposé à
subjectif*, il a pris des sens plus étendus à partir du
xviies., surtout dans la lang. de l'optique.