NOIRCIR, verbe
Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1130 trans. «rendre noir» (
Paraphrase Cantique des Cantiques, éd. E. Koschwitz, 61: Ellest
nercidet);
ca 1200
noircir (
Aliscans, éd. F. Guessard et A. de Montaiglon, 3159);
ca 1145 intrans.
nercir «devenir noir» (
Wace, Conception ND, éd. W. R. Ashford, 1784); 1549 pronom.
se noircir (
Est.);
b) 1698
noircir du papier «écrire» (
Boileau, Satires, éd. A. Cahen, XI, 55:
noircir d'insipides papiers);
2. 1160-74 intrans. fig. «s'assombrir, sous l'effet de la tristesse ou de l'émotion» (
Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 2289, t.1, p.91: moult
nerci et parfont soupira); 1180-90
noirchir (
Alex. de Paris, Alexandre II, β 111, 12 in Elliott Monographs n
o40, p.68); 1176-81 trans.
nercir «attrister» (
Chr. de Troyes, Chevalier Charrette, éd. W. Foerster, 958);
ca 1225
cuer noirci (
Gui de Bourgogne, éd. F.Guessard et H. Michelant, 99 ds T.-L.);
3. a) 1
erquart
xiiies. trans. «dévaloriser» (
Reclus de Molliens, Miserere, éd. van Hamel, § 53, 9: Sen don
noirchist ki le detrie);
b) ca 1470 trans.
noircir «calomnier, charger, diffamer (quelqu'un)» (
G. Chastellain, Chronique, éd. Kervyn de Lettenhove, t.5, p.157); 1592
noircir la réputation de qqn (
Lettre de Cath. de Bourbon au roi ds
Gdf. Compl.);
ca 1470 pronom. «se rendre infâme, odieux» (
G. Chastellain, op. cit., t.2, p.172);
4. 1918 pronom. pop. «s'enivrer» (
Esn.). D'un lat. pop. *
nigricīre, réfection du lat. class.
nigrescere «devenir noir, noircir», dér. de
niger «noir».