NOBLE1, adj.
Étymol. et Hist. I. Qui l'emporte, est au-dessus des autres par sa qualité, sa valeur, ses mérites
A. 1. ca 1050 d'une personne (
St Alexis, éd. Chr. Storey, 40: ...filie d'un
noble Franc);
ca 1100 (
Roland, éd. J. Bédier, 467: Dient paien: ,,
Noble baron ad ci!``);
ca 1179 subst. nom propre (
Renart, éd. M. Roques, 7: En la cort
Noble le lion); 3
equart
xves. subst. (
Georges Chastellain, Exposition sur vérité mal prise ds
OEuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, t.6, p.311);
2. 1160-74 «(d'un cheval) franc, magnifique»
noble palefroi (
Wace, Rou, éd. A.J. Holden, II, 3038);
3. 1314
membre noble (
Chirurgie de H. de Mondeville, 1900 ds T.-L.).
B. D'un inanimé
1. a) ca 1165
noble chevalerie (
Benoît de Ste-
Maure, Troie, 28428 ds T.-L.);
id. la noble cité de Troie (
Id., op. cit., 22982,
ibid.); 1280
fame de noble parage (
Clef d'Amors, 250,
ibid.); 1370-72
noble science (
Oresme, Ethiques, Prol., éd. A.D. Menut, p.101);
b) 1176
sepolture riche et noble (
Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 6043); 1174-87
nobles chastiax (
Id., Perceval, éd. F. Lecoy, 6422);
c) ca 1210 «inspiré, suggéré par la grandeur morale»
noble contenance (
Guiot de Provins, Bible ds
OEuvres, éd. J. Orr, 1513);
ca 1485
noble querelle (
Mystére du viel Testament, éd. J. de Rothschild, 44304);
d) 1370-72
langage noble (
Oresme, op. cit., Prol., p.101); 1674 (
Boileau, Art poétique, I ds
OEuvres, éd. F. Escal, p.159: le stile le moins
noble a pourtant sa noblesse);
2. 1360, 8 mai numism. v.
noble2. II. Qui appartient à la classe de la société réputée éminente
1. a) 1216 (charte, Cambrai ds
E. Tailliar, Recueil d'actes en langue wallonne, p.54: se ly bourgois ne paye au chevalier ou a
noble homme...);
xves. [ms.]
noble homme d'assise, synon. de
baron (
Ordonnance dite de Jean II ds
Établissements de St Louis, éd. P. Viollet, t.3, p.194);
b) 1369-72 subst. (
Chron. norm. du XIVes., éd. A. et É. Molinier, p.132 [1358]: En ce temps s'assemblerent les
nobles de plusieurs contrées);
2. 1495, 16 mars en parlant d'une terre
heritage noble (
Coutume de Sens ds
Nouv. coutumier gén., éd. Ch. A. Bourdot de Richebourg, t.3, p.499b);
3.1509, 29 oct.
garde noble (
Coutume du bailliage de Troyes, ibid., p.240b). Empr. au lat.
nobilis (de
noscere «connaître» proprement «ce que l'on peut connaître»), de là 1 «connu; bien connu, fameux (d'une personne, d'une chose)»; p. ext.2 «de famille noble, de naissance noble, noble», subst.
nobiles «les nobles, la noblesse» (la
nobilitas comprenant les patriciens, les plébéiens arrivés aux magistratures curules et leurs descendants; v.
Paulys Realencyclop. der classischen Altertumswissenschaft, t.17, 1937, col. 785
sqq.). De 1, le premier empr. I; II paraît plus spéc. empr. au lat. médiév., qui, d'abord employé en parlant de l'aristocratie de sang chez certains peuples germ. (501-518
Lex Burgundionum ds
Nierm.), est devenu synon. de
liber, ingenuus (720
Leges Liutprandi regis Langobardorum, ibid.), puis désigna la noblesse féodale (1012-23,
ibid.); sur l'origine et l'évolution du mot
nobilis à partir du
ixes., v., entre autres,
M. Parisse, La noblesse lorraine, XIe-XIIIes., thèse, Nancy, 1976, pp.228
sqq. Le synon. a. fr.
nobile (
ca 1100
nobilie, Roland, 3690;
ca 1135
nobile, Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, réd. AB, 593 ainsi que réd. C, 342) est, soit issu, par voie demi-savante, par l'intermédiaire de
nobilie, d'une forme lat.
*nobilius (
Thomas A., Essais, p.79;
Fouché, p.942), soit issu de
nobilis avec changement d'accentuation à l'époque gallo-rom. (v.
Vään., § 48),
nobilie n'étant qu'une forme isolée (
FEW t.7, p.160b).