NIVELER2, verbe intrans.
Étymol. et Hist. 1633 « hésiter » (
Cramail,
Comédie des Proverbes ds
Anc. théâtre fr. t. 9, p. 38), bien att. dans les parlers région. avec les nuances de « travailler sans courage », « perdre son temps à des riens », « lambiner », v.
FEW t. 5, p. 295. Mot dont l'orig. est mal élucidée.
FEW, loc. cit., rattache ce mot à la famille de
niveau, niveler en considérant que l'activité du géomètre peut paraître futile à l'observateur. D'autres hyp. ont été proposées : G. Paris (
Romania t. 31, p. 172) le rattache au nom de Jean de Nivelle, nom du jacquemart de l'horloge de Nivelle, devenu pop. et désignant proverbialement dans des chansons un personnage qui, comme Cadet-Rousselle « possède toutes sortes d'objets rendus impropres à tout usage par quelque tare plaisante » (la 1
reattest. d'une chanson sur Jean de Nivelle daterait de 1449 d'apr.
O. Colson,
Le Cycle de Jean de Nivelle ds
Wallonia, t. 8, 1900, p. 110; att.
ca 1500, voir
E. Fournier,
Le Théâtre fr. av. la Renaissance, p. 210);
Barb. (
Misc. t. 29, p. 439 à 441) rattache
niveler à l'adj.
nivot « sot, stupide » (
ca 1330,
ibid.) et propose d'y voir des dér. de
nid* (a. fr.
nif) avec passage sém. de « celui qui est encore au nid » à « celui qui n'a pas d'expérience » (
cf. niais) d'où « celui qui travaille lentement, qui lambine, qui perd son temps »,
cf. niger « agir en niais, perdre son temps, faire des riens, ne pas avancer à la besogne » et
nijoter « paresser, faire de petites choses avec trop de soin » ds
FEW t. 7, p. 118.