NERF, subst. masc.
Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1100 «tendon, ligament» (
Roland, éd. J. Bédier, 3970); 1202 spéc. «tendon dans une viande» (
Renart, éd. M. Roques, Br. XVIII, p.14, 15947); 1278
id. nerf de buef «verge du taureau, ou ligament cervical, ou corde du jarret du boeuf ou du taureau durcis par dessication et dont on se sert notamment pour frapper» (
Doc. en fr. des Arch. angevines de Naples, t.1, p.121 d'apr.
R. Arveiller ds
Mél. J. Horrent, p.10);
2. 1314 «chacun des filaments qui mettent les différentes parties du corps en communication avec le cerveau et la moelle épinière» (
H. de Mondeville, Chirurgie, 77 ds T.-L.);
3. 1534 au fig. «ce qui est la condition d'une action efficace» (
Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder, M. A. Screech, V. L. Saulnier, chap. 44, p.261: guerre faicte sans bonne provision d'argent n'a q'un souspirail de vigueur. Les
nerfz des batailles sont les pecunes);
4. 1559
id. au plur. «force» (
Amyot, Vies des hommes illustres, Timoléon, t.1, f
o189 v
o); 1671 au sing. (
Pomey).
B. 1. 1268 «courroie du bouclier» (
Claris et Laris, 2440 ds T.-L.);
ca 1282 «corde (d'un arc ou d'une arbalète)» (
Gouvernement des rois, 414, 16,
ibid.); 1552 «
id. (d'un instrument de musique)» (
Ronsard, Les Amours ds
OEuvres, éd. P.Laumonier, t.4, p.30: les
nerfz de ma lyre); 1680 reliure (
Rich.);
2. 1605 vén.
nerf de cerf «membre génital du cerf» (
A. du Pinet, Les Commentaires de M. P.André Matthiolus sur les six livres de Pedacius Dioscoride, p.144);
3. 1676 archit. (
Félibien).
C. Au plur. loc.
a) 1755
maladie de nerfs (Abbé
Prévost, Nouv. lettres angloises ou Hist. du chevalier Grandisson, t.3, p.43);
b) 1756
ébranlement de nerfs (
R.-
L. D'Argenson, Journal et mémoires, t.9, p.222); 1825
crise de nerfs (
Brillat-
Sav., Physiol. goût, p.458);
c) 1762-79
avoir des nerfs (
Diderot, Le Neveu de Rameau, éd. J. Fabre, p.67: Autrefois, Mademoiselle avoit des vapeurs; ce sont aujourdhuy des
nerfs); 1851
avoir ses nerfs (
Dumas père,
Villefort, III, 5);
d) 1817
porter sur les nerfs (
Jouy, L'Hermite de la Guiane, 29 janv. ds
Quem. DDL t.3); 1871
taper sur les nerfs (
Flaub., Corresp., p.304);
e) 1876
passer ses nerfs (sur qqn) (
Goncourt, loc. cit.);
f) 1901
mettre les nerfs en pelotes (
Bruant);
g) 1929
(avoir les) nerfs à bout (
Colette, Sido, p.136). Du lat.
nervus «tendon, ligament; nerf», également «corde (d'un arc, de la lyre); lanière de cuir», et au fig. «force, vigueur; partie essentielle d'une chose».