NARGUER, verbe trans.
Étymol. et Hist. [1552, le dér.
nargue*]
1. 1562
se narguer de «se moquer de» (
Lettre de Jeanne d'Albret à Catherine de Médicis ds
Lettres d'Antoine de Bourbon, éd. Rochambeau, 1877, p.252);
2. 1740-55 «braver avec mépris» (
Saint-
Simon,
Mém., éd. G. Truc, t.1, LII, p.757). Prob. issu d'un lat. vulg.
*naricare, dér. du class.
naris, plus fréquemment
nares, narium, plur. «narines, nez» (
A. Horning ds
Z. rom. Philol. t.28, p.609;
L. Spitzer,
ibid., t.44, p.200: hyp. reprise par
FEW t.7, p.14 a),
cf. le lat. médiév.
naricare «être morveux» 1483 ds
Latham. Narguer, non att. dans la lang. littér. av. le
xvies., semble parvenu en fr. par l'intermédiaire du fr.-prov. et de l'occitan dont les représentants offrent des sens proches de celui de l'étymon: stéphanois
nargoussâ «nasiller» (
P. Duplay,
La cla do parla gaga, 1896, p.312), haut-dauph.
nargusyé «
id.» (
FEW,
loc. cit., p.13b), dér. du dauph.
nàrgèi «morve au nez» (
Dur., n
o6669),
narga «
id.» (J.-B.
Martin et
G. Tuaillon,
Atlas ling. du Jura et des Alpes du nord, t.3, 1978, carte 1405
morve, point 70); dial. de Vinzelles [Puy-de-Dôme]
narseḽya «nasiller» (
A. Dauzat,
Gloss. pat. Vinzelles, n
o2994);
cf. le prov.
nargous «qui nasille (
xviiies. A.
Peyrol ds
Mistral). De «nasiller», seraient issus les sens de «se moquer; narguer», encore largement attestés dans les domaines fr.-prov. et occitan (
FEW,
ibid., p.13b et 14a;
Mistral s.v. narga);
cf. l'évolution sém. parallèle de
narchard «moqueur, railleur» (d'où
nacharder «se moquer de»,
FEW,
loc. cit. p.26a), dér. dial. de l'a. fr.
nascier «renifler, flairer» (1260-80
Guillaume d'Amiens,
Dit d'amour, 135 éd. A.
Jeanroy ds
Romania t.22, 1893, p.61a) et «nasiller» (fin
xiiies.
Gautier de Bibbesworth, 1074-75 ds T.-L.; du lat. vulg.
*nasicare, dér. de
nasus, v.
nez).