MUR, subst. masc.
Étymol. et Hist. A. Ouvrage de maçonnerie destiné à enclore, à protéger, à isoler.
1. Fin
xes. une ville (
Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 63 : Hjerussalem ... [toi inimic] En tos belz
murs, en tas maisons Pedra ssubr altre non laiseront);
ca 1100 (
Roland, éd. J. Bédier, 97 : Cordres ad prise e les
murs peceiez);
ca 1160 (
Eneas, 427 ds T.-L. : Li
mur de Cartage sont fait a posterels, A pilerez et à merels, A biches, a oisels, a flors; O le marbre de cent colors sont peinturé defors li
mur Senz vermeillon et senz azur);
ca 1165 (
Benoît de Ste-Maure,
Troie, 1151 ds T.-L. : Close esteit [la cité] tote de bon
mur De fin marbre serré e dur);
ca 1200 désigne la cité elle-même (
Bueve de Hantone, éd. A. Stimming, I, 486 : Faites moi tost espines apointier, Defors les murs les faites caroier);
2. ca 1100 une habitation (
Roland, 1430);
3. début
xiies. un château (
Benedeit,
St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 271);
4. la notion de sécurité est mise en évidence 1176-81 (
Chrétien de Troyes,
Chevalier au Lion, éd. M. Roques, 3258 : lez lui sont ausi seür Con s'il fussent tuit clos a
mur Haut et espès de pierre dure); 1
erquart
xiiies. (
Renclus de Molliens,
Carité, 37 ds T.-L. : Rois, se plus ies enclos de
mur..., ies por chou ... plus assëur Ke chil ki ... tous desclos maint en ches plains?);
5. p. anal. 1833 (
Michelet,
Hist. de France, III, éd. C. Mettra, t. 1, p. 313 : [En parlant des Pyrénées] ... un
mur immense qui s'abaisse aux deux bouts).
B. Fig.
1. a) ca 1165 « ensemble de combattants formant corps pour résister, se défendre » (
Benoît de Ste-Maure,
op. cit., 20536,
ibid.);
b) 1676 en parlant d'une pers. (
E. Fléchier,
Oraison funèbre de Turenne, éd. Paris, Libraires associés, 1808, p. 69 : cet homme [Judas Maccabée] que Dieu avait mis autour d'Israël, comme un
mur d'airain, où se brisèrent tant de fois toutes les forces de l'Asie);
2. 1718 en parlant de ce qui sépare deux pers. (
Massillon,
Carême, Prod. ds
Littré : Cette passion seule [le goût des voluptés] éleva un
mur de séparation entre Dieu et le pécheur);
3. 1883 en parlant d'une pers. inébranlable dans sa résolution, hostile (
Renan,
Souvenirs d'enfance et de jeunesse, éd. J. Pommier, p. 31);
4. 1947 astronaut.
mur de l'air (
A. Ducrocq,
L'humanité devant la navigation interplanétaire, p. 30 d'apr.
Guilb. Astronaut., p. 29); 1949
mur du son (
Nouv. Lar. univ., s.v. mur). Du lat.
murus « mur (d'une ville), rempart; mur (d'une maison); clôture, enceinte; paroi »; fig. « mur, rempart de défense, protection ».