MORDRE, verbe
Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 «entamer avec les dents» (
Roland, éd. J. Bédier, 727);
b) ca 1165 au fig. (
Benoît de Sainte-
Maure,
Troie, 17568: Pinciez
sera d'Amors et
mors);
2. a) 1205-50
mordre à qqc. «se laisser prendre à» (
Renart, éd. E. Martin, XIII, 1708);
b) 1669
mordre à l'hameçon (
La Fontaine,
Psyché, II ds
Œuvres, éd. Régnier, t.8, p.169);
3. 1
erqart
xiiies. «critiquer, blâmer» (
Reclus de Molliens,
Charité, 112, 7 ds T.-L.);
4. 1268 «avoir prise sur» (
Claris et Laris, 51,
ibid.);
5. 1314 «saisir et retenir (en parlant de tenailles)» (
Henri de Mondeville,
Chirurgie, éd. A. Bos, § 636, t.1, p.158);
6. 1532
mordre à qqc. «comprendre» (
Rabelais,
Pantagruel, chapitre IX bis, éd. V. L. Saulnier, p.57);
7. emploi techn. 1560 impr. «être empêché par la frisquette de recevoir l'impression» (
Chaix,
Recherches sur l'imprimerie à Genève de 1550 à 1564 ds
Wolf (L.)
Buchdruck, p.186); 1690 (
Fur.: La lime ne
mord point sur le diamant... L'eau forte commune ne
mord point sur l'or... On dit en coûture qu'il faut
mordre bien avant dans l'estoffe... Cette rouë ne
mord pas assez avant dans ce pignon pour le faire tourner); 1723
mordre la teinture (d'une étoffe) (
Savary). Du lat. pop. *
mordĕre (
cf. ital.
mordere, cat., esp., port.
morder), class.
mordēre «entamer avec les dents», p. ext. en parlant du froid ou de paroles «tourmenter, piquer, chagriner».