MONTER, verbe
Étymol. et Hist. I. Intrans.
A. Le suj. désigne un animé
1. a) fin du
xes. «se déplacer dans un mouvement de bas en haut, se transporter vers un lieu plus haut que celui où l'on était, s'y placer» (
Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 465); 1694
montant «ascension verticale du faucon» (
Ac.);
b) 1680
monter à l'assaut (
Rich.,
s.v. assaut);
c) 1949 «aller du sud vers le nord» (
Montherl.,
Demain, I, 1, p.706:
monter à Paris);
2. a) fin du
xes. «se placer sur le dos d'un animal» (
Passion, 26);
ca 1100 absol. (
Roland, éd. J. Bédier, 92); 1538
monter à cheval (
Est. d'apr.
FEW t.6, 3, p.113a);
b) 1690 «prendre place dans ou sur un véhicule» (
Fur.);
3. ca 1140 «progresser, accéder à un degré supérieur d'une hiérarchie, avancer dans l'échelle sociale» (
Geffrei Gaimar,
Histoire des Anglais, éd. A. Bell, 2285);
4. a) 1174
monter en ire «se mettre en colère» (
Guernes de Pont-
Ste-
Maxence,
S. Thomas, 1496 ds T.-L.); 1695
montant «charme, entrain, piquant» (
Regnard,
Le Bal, 4 ds
Littré); de nouv. 1844 (
Sainte-
Beuve,
Portr. femmes, p.260);
b) 1866
faire monter qqn «provoquer la colère de quelqu'un» (
Delvau);
5. 1963 «jouer une carte supérieure à celles qui ont été antérieurement mises dans le même pli» (
Lar. encyclop.).
B. Le suj. désigne un inanimé
1. a) ca 1100 «augmenter, atteindre un degré plus élevé (en parlant de ce qui n'est pas mesurable)» (
Roland, 228); 1694
montant «goût relevé, saveur piquante» (
Ac.);
b) 1690 «croître en quantité, en intensité (en parlant de ce qui est mesurable)» (
Fur.: le bled
monte, il encherit);
2. a) ca 1155 «atteindre un niveau plus élevé (en parlant de liquides, etc.)» (
Wace,
Brut, 9558 ds T.-L.); av. 1188
montant «mouvement de bas en haut (de la mer)» (
Partonopeus de Blois, éd. J. Gildea, 7617); 1296 «pièce verticale dans une construction, une charpente» (doc., Tournai ds
Gdf. Compl.);
b) 1178
monter en la teste «enivrer (en parlant du vin)» (
Renart, éd. E. Martin, XIV, 338); 1668
monter à la tête «
id.» (
Molière,
L'Avare, III, 1);
c) ca 1200 «affecter la partie supérieure du corps (en parlant de réactions organiques, d'émotions)» (
Mort Garin, 230 ds T.-L.);
d) ca 1265 «s'élever dans les airs, être porté à une certaine hauteur» (
Brunet Latin,
Trésor, éd. F. J. Carmody, p.89);
e) 1553 «croître en hauteur (en parlant d'une plante)» (
Bible, s.l., impr. Jean Gerard, Exode 9g d'apr.
FEW t.6, 3, p.106b);
f) 1689 «se propager vers le haut (en parlant de sons, d'odeurs)» (
Racine,
Esther, I, 1);
g) 1690 «être en pente, s'étendre d'un point bas vers un point haut» (
Fur.);
h) 1690 «atteindre telle ou telle hauteur (en parlant d'une robe)» (
ibid.); 1800
montante «culotte» (
P. Leclair,
Hist. brig. et assass. Orgères, p.130); 1835
montant «pantalon» (
Raspail ds
Le Réformateur, 20 sept., p.2); 1836
montante «échelle» (
Vidocq,
Voleurs, t.1, p.275);
3. ca 1155 mus. «passer du grave à l'aigu» (
Wace,
Brut, 10423 ds T.-L.);
4. 1255-71 «s'élever à un certain chiffre, au total de» (
Rutebeuf,
Vie Ste Elisabeth, 654 ds
Œuvres compl., éd. E. Faral et J. Bastin, t.2, p.121); 1675
montant «chiffre auquel s'élève un compte» (
Savary,
Le Parfait négociant, 1, 312 d'apr.
FEW t.6, 3, p.114a).
II. Trans.
1. ca 1140 «parcourir de bas en haut, gravir (ce qui est en pente)» (
Pèlerinage Charlemagne, éd. G. Favati, 133);
2. a) ca 1150 au fig. (
Charroi Nîmes, éd. D. McMillan, 648: la loi Dieu essaucier et
monter);
b) 1170 «mettre (un instrument de musique) un ton plus haut» (
Horn, 2811 ds T.-L.);
c) 1174
monter qqn «accroître la valeur (de quelqu'un)» (
Guernes de Pont-
Ste-
Maxence,
S. Thomas, 2963,
ibid.);
d) 1588
monter qqc. «
id. (de quelque chose)» (
Montaigne,
Essais, III, 5, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.871);
e) 1690
monter une couleur (
Fur.);
3. a) ca 1155 «faire monter quelqu'un à cheval» (
Wace,
op. cit., 7063 ds T.-L.);
b) ca 1230 «mettre, placer quelque chose à une plus grande hauteur» (
Eustache le Moine, 155,
ibid.: Et li hom[me] lor braies
monterent); de nouv. 1690 (
Fur.);
c) 1690 «transporter quelque chose dans un endroit plus élevé» (
ibid.);
d) 1926
monter une sauce (
Lar. mén., s.v. sauce, p.1081a);
4. a) 1174-78 (
Étienne de Fougères,
Manières, éd. R. A. Lodge, 840: sa fame ou sa file li
monte);
b) 1763 «couvrir (la femelle), chez les quadrupèdes» (
Buffon,
Hist. nat. des quadrupèdes, t.7, p.243 ds
Littré);
5. a) ca 1185 «utiliser comme monture (un animal)» (
Hue de Rotelande,
Ipomédon, éd. A. J. Holden, 3564);
b) 1680
monter un navire «servir comme marin sur (un navire)» (
Rich.);
6. a) ca 1223
(bien, mal) monté «pourvu d'une (bonne, mauvaise) monture» (
Gautier de Coinci, éd. V. F. Koenig, II
Mir 19, 365);
b) ca 1400
monter qqn «pourvoir quelqu'un des choses nécessaires» (
Quinze joies de mariage, XI, 12, éd. J. Rychner, p.82);
c) 1671 «pourvoir (un cavalier) d'une monture et de son équipement» (
Pomey);
7. a) 1306
monter une arbalestre «tendre le ressort (d'une arbalète)» (
Joinville,
S. Louis, éd. N. L. Corbett, § 377);
b) 1690
monter une montre (
Fur.);
8. a) 1576 «assembler, ajuster les différentes parties (de quelque chose), pour permettre de l'utiliser» (
P. de Brach,
Poem., f
o99 v
ods
Gdf. Compl.);
b) 1718 «enchâsser (une pierre précieuse) dans une monture» (
Ac.);
c) 1798
monter une pièce de théâtre (
ibid.);
d) 1802 «organiser, mettre sur pied, combiner» (
Henrion,
Les Amours de la Halle, 21 ds
Quem. DDL t.19);
9. a) 1608
se monter de parole «s'emporter» (
M. Régnier,
Satire VIII, 214 ds
Œuvres compl., éd. G. Raibaud, p.89);
b) 1796
monter la tête à qqn (
Dusaulx,
loc. cit.);
c) 1798
être monté «être mal disposé, irrité» (
Ac.). Du b. lat.
*montare, dér. de
mons, montis (v.
mont).