MOIRE1, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. a) 1639
moire (
Testament politique de Richelieu, éd. 1688, ch. IX, p.128 ds
Bonn., p.95)
cf. en 1646
moire désignant des étoffes chatoyantes de différentes matières (
Document ds
L. Bosseboeuf,
La Fabrique des soieries de Tours,
Bulletin et Mémoires de la Sté Archéologique de Touraine, t.41, p.261 d'apr.
M. Höfler ds
Cah. Lexicol. n
o6, 1965, p.91: Les
moires plaines d'argent [...] Les
moires de soye [...] Les
moires de fleuret et de poil de chameau [...] Les
moires de laine); 1650 (
Mén.:
Mouaire. Espece de camelot. Nous avons eu ce mot avec la chose des Anglois qui prononcent
moër. Je croy que les Anglois l'ont eu des Levantins qui appellent
moiacar une espece de camelot); on distinguait les
moires lisses et les
moires tabisées qui étaient soumises au passage à la calandre qui leur donnait des reflets ondoyants (
cf. Havard) puis l'usage du terme a été réservé uniquement aux tissus ayant reçu ce traitement (
cf. Encyclop. t.10 1765, p.608: la
moëre n'est qu'un gros-de-tours auquel on donne le nom de
moëre lorsqu'il a passé sous la calendre);
b) 1765 «aspect ondoyant pris par une étoffe passée à la calandre» (
Encyclop. t.10, p.610 col. a: le satin ne prenant pas la
moëre);
2. 1784 «ce qui présente des reflets ondoyants comme ceux de la moire»
ruisseaux de moire (sur une tapisserie) (
Bern. de St-
P.,
Ét. nature, t.3, p.464). Empr. à l'angl.
mohair (transcrit
moire en fr. selon la prononc. de l'époque), forme att. dep. 1619 et qui représente une altération, peut-être par attraction avec
hair «poil», du terme angl. att. dès 1570 sous la forme
mocayares et désignant à l'origine un tissu en poil de chèvre angora (
cf. NED), l'angl. ayant ensuite réemprunté la forme
moire au fr. pour désigner ce tissu, puis d'autres sortes d'étoffes, lorsqu'ils avaient été passés à la calandre pour leur donner des reflets ondoyants. Le terme angl. a été empr. à l'ar.
muḫayyar «étoffe de poil de chèvre», peut-être par l'intermédiaire de l'ital.
mocaiardo, même sens (
mocajari, 1542 ds
Pellegr. Arab., p.127;
mocaiaro,
mocaiardo,
mucaiarro, mucaiardo, 2
emoitié du
xvies. ds
Batt.). De l'ar. par l'intermédiaire de l'ital. a également été empr. le fr.
moucayar (1553,
Belon,
Singularités, f
o203 r
o),
moucayard (1565,
R. des Sociétés sav. t.X, 1869, p.525),
mocaiar,
mocayar (1568,
Nicolay ds
Nasser Thèse compl., p.151),
moncaiar (1575,
Thévet ds
Hug.) v.
FEW t.19, p.130a.