MOBILE, adj. et subst.masc.
Étymol. et Hist. I. Subst.
A. 1301 «bien meuble» (
Ordonn. du D. Jehan II, Morice,
Preuves de l'hist. de Bretagne, I, 1169 ds
Gdf.), attest. isolée dans ce sens.
B. 1. [
Ca 1380
premier mouvable astron. médiév. «la première des sphères célestes, qui enveloppe et fait mouvoir les sphères inférieures» (
Jean Lefevre, Trad.
La Vieille, éd. H. Cocheris, 4184)];
ca 1448
mobile premier (
Martin Le Franc, Estrif de fortune et vertu, f
o101 v
ods O.
Roth, Studien zum Estrif..., p.228); 1516
premier mobile (
Remonstrances ou complainte de Nature..., 221 ds
Rose, éd. Méon, t.4, p.134);
2. a) 1662 p.ext. «personne exerçant la principale influence» (
Vineuil, Guerre de Paris ds
La Rochefoucauld, Mémoires, Cologne, p.73: le Coadjuteur qui avoit esté le principal
mobile de cette guerre);
b) α)1677
premier mobile «ce qui fournit une impulsion, un mouvement» (
Bossuet, Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même, III, 11 ds
Littré);
β) 1682
premier mobile «ce qui pousse, incite quelqu'un à agir» (
La Fontaine, Contes, V, 7, 99); 1740
mobile (
Ac.);
γ)1835 «tendance impulsive et affective (p.oppos. à
motif)» (
Jouffroy, Cours de droit naturel d'apr.
Lal. 1968);
δ) 1883 dr. (
Villiers de L'I.-
A., Contes cruels, p.226: le
mobile du criminel);
ε) 1968 comm.
mobile d'achat (
Lar. encyclop. Suppl.).
C. 1. 1639 «corps en mouvement» (
Mersenne, Les Nouv. pensées de Galilée, éd. P. Costabel et M. P. Lerner, p.73);
2.a)1752 horlog. (
Trév.);
b) 1963 mécan. «roue dentée avec son axe» (
Lar. encyclop.);
3. 1892 typogr. (
Guérin: tirer sur
mobile);
4.1946 Beaux-arts (
Sartre, Les Mobiles de Calder, Paris).
II. Adj.
A. 1. a) 1377 «qui peut être mû» (
N. Oresme, Livre du ciel et du monde, éd. A. D. Menut et A. J. Denomy, 83 c 15, p.334);
b) 1751 typogr.
caractères mobiles (
Encyclop.t.2, p.651a);
c) 1785 menuis.
menuiserie mobile (
Encyclop. Méthod. Mécan. t.4, p.795);
2. a) 1636
fête mobile (
Monet);
b)1952
échelle mobile (des salaires) (
Le Monde, 19 janv., p.5);
3. a) 1823 milit.
colonne mobile (
Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t.1, p.704);
b) α) 1829
garde mobile fém. (
Boiste); 1830 subst.fém.
la mobile (
Patriote boiteux ds
Larch. 1861, p.180); 1834
garde nationale mobile (
Boiste);
β) 1848 subst. masc. «soldat de la garde mobile» (
Sand, Corresp., p.39); 1863
garde mobile masc. (
Goncourt, Journal, p.31);
c) 1877
gendarmerie mobile (
Hugo, Hist. crime, p.20); 1962 (
Lar. encyclop., s.v. gendarmerie).
B. a) Ca 1448 «sujet au changement, variable» (
Martin Le Franc, loc. cit.: quant a ce elle [la disposition de providence divine] est diversement
mobile);
b) ca 1510 «inconstant, instable» (
Gringore, L'Obstination des Suisses, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t.2, p.356).
C. 1. a) 1749 «animé d'un mouvement incessant» (
Buffon, Hist. nat., t. 1, p.115: la face
mobile de la mer);
b) 1803 «dont l'aspect change constamment» (
Chateaubr., Génie, t.1, p. 212);
2.1854 «qui n'est pas fixe, se déplace sans cesse» (
About, loc. cit.). Empr. au lat.
mobilis adj. (forme syncopée pour
*movibilis, dér. de
movere «mouvoir, bouger») «mobile, qui peut être mû ou déplacé; changeant, inconstant»,
res mobiles plur. «biens meubles», b.lat.
mobile, mobilia, subst. neutre sing. et plur. «biens meubles», lat. scolast.
mobile primum «mobile premier, la première des sphères célestes» (mil.
xiiies. ds
Thomas-Lexikon, v. aussi
NED, s.v. primum mobile). Les
mobiles de Calder (C 4) auraient été baptisés ainsi soit par l'artiste fr. Marcel Duchamp (
Encyclop. univ., t.3, p. 786) en 1932 (
Brockhaus Enzykl., s.v. Mobile), soit en angl. par Calder lui-même en 1936 (
Rey-
Gagnon Anglic.).