MITAN, subst. masc.
Étymol. et Hist. Ca 1190 bourg.
ou moitan de lor voie «à mi-chemin» (
Floovant, éd. Sven Andolf, 2319);
xiiies.
mitan fém. «moitié» (
Cart. de S.-Jean de Laon ds
Du Cange, s.v. mitarius); 1290 fr.-comtois
moitant masc. «milieu» (J.
Priorat, Li abréjance de l'ordre de chevalerie, éd. U. Robert, 6831); 1396
moitant (
doc. de Dijon ds
Gdf.). Mot d'orig. discutée.
Alc.-
Moll. fournissent une attest. du cat.
mitant «qui se trouve au milieu» datant de 1461 et considèrent qu'il s'agit d'une forme secondaire de l'a. cat.
mijant, cat. mod.
mitjan, de même sens. Cat.
mitjan est sans doute la continuation du lat.
mediante, mais il n'en va pas de même pour
mitant car le passage de
-dz- à
-t- serait tout à fait inhabituel. Certains aut. ont proposé de rattacher le mot à un lat.
*medietaneus (
Romania t.10, 1881, p.609). Cette hyp. doit être rejetée étant donné que
-aneus n'a pas pu donner -a en gallo-roman. Horning (
Z. rom. Philol. t.9, 1885, p.141 et 511 ; t.14, 1890, p.221; t.15, 1891, p.563), partant des formes du lorr., fait remonter le mot à
medium tempus. Cette proposition n'est pas convaincante puisqu'elle n'explique pas les autres formes du mot en fr. Marchot (
Arch. rom. t.6, 1922, pp.365-366) fait une distinction entre
mitan «moitié» et
mitan «milieu». Selon lui, le premier représenterait un
medium tantum, formé sur le modèle de l'a. fr.
deus, trois tans «deux, trois fois autant», le second serait formé comme l'a. fr.
entretant «pendant ce temps là». À l'origine on aurait eu
emmitant «dans l'intervalle», puis par chute du
em- on aurait abouti à
mitant. Cette distinction n'est pas fondée:
ou moitan de lor voie dans
Floovant signifie aussi bien «à mi-chemin» que «au milieu du chemin».
FEW t.13, 1, p.94 considère, après avoir examiné la chronol. (
mitan est att. dès la fin du
xiies. et non seulement à partir de la fin du
xives. comme on le pensait jusqu'ici) et l'aire géogr. du mot (dans les plus anc. attest., qui proviennent de la Bourgogne et de la Franche-Comté, la 1
resyllabe rappelle singulièrement le produit de
medietatem, v.
Vox rom. t.2, 1937, pp.42-43, à la différence des mots tels que
mijour* qui ont tous
mi en position inaccentuée) que
mitan représente le comp. très anc.
mediu tantu (
mediu s'étant développé comme un mot autonome) et qu'il s'est répandu, au
xveet surtout au
xvies., sur l'ensemble du territoire, se superposant ainsi à
milieu*. Lors de sa diffusion, la forme fr.-comtoise et bourg.
moitan a été modifiée en
mitan, moi- correspondant à
mi en français.