MINE1, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. a) xives. [ms. du
xvies.]
faire mines «faire des grimaces» (
Combat de Saint Pol contre les Carmois, 336 ds
Trouvères belges, éd. A.Scheler, t.1, p.254); 1464
faire faulce myne (
La Farce de Maistre Pathelin, éd. J.-Cl. Aubailly, 1246);
b) fin
xves.
faire bonne mine «avoir un air de gaieté et de satisfaction, quels que soient les sentiments véritables» (
Repues franches II, 147 ds
Renson, p.398); 1476
monstrer bonne mine (
J.Molinet, Chroniques, éd. G. Doutrepont, t.1, p.162); 1573
faire la mine à qqn «manifester sa méchante humeur» (
Facétieuses nuits II, 133 ds
Renson, p.409); 1588
faire une maigre mine à qqn «faire mauvais accueil à» (
Montaigne, Essais, II, 3, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, t.1, p.358); 1639
faire bonne mine à qqn «faire bon accueil à» (
Mairet, Solyman, I, 1); 1649
faire triste mine à qqn «faire mauvais accueil à» (
Scarron, Virgile travesti, III, éd. 1786, t.4, p.189);
c) ca 1525
faire des mines «exprimer ses sentiments par une mimique appropriée» (
Mém. de Rob. de la Marck, seigneur de Fleuranges, p.234 ds
La Curne); 1611
faire la mine «être de méchante humeur» (
Cotgr.);
d)1558
faire des mines «faire des manières» (
Des Périers, Nouvelles récréations et joyeux deirs, 35, éd. K. Kasprzyk, p.159); 1673
faire des mines à qqn «chercher à plaire à quelqu'un en faisant des manières» (M
mede Sévigné, Lettre à Mmede Grignan du 21 oct. ds
Lettres, éd. Ad. Régnier, t.3, p.247); 1715-1735 «avertir quelqu'un par une mimique significative» (
Lesage, Gil Blas, 255 ds
Renson, p.413); 1619
sans faire mie de rien ([
J.Chapelain], trad.:
M. Aleman, Le Gueux, I, 269 ds
Quem. DDL t.19); 1774
sans faire mine de rien (
Le Cri du coeur, 9,
ibid.);
e) 1527
faire mine de faire qqc. «faire semblant de» (
Loyal Serviteur, Hist. de Bayart, 183 ds
Renson, p.411);
2. a) ca 1452
myne «apparence naturelle du visage et de tout le corps qui révèle sentiments ou qualité, fortune ou rang social» (
Arnoul Gréban, Passion, 22407 ds
Renson, 399); 1644
avoir bonne mine «avoir l'apparence d'une bonne santé» (
Guez de Balzac, Discours, 367,
ibid.);
b) 1538 «mimique par laquelle on exprime ses sentiments réels ou simulés» (
Est.); 1542-1549
mines plur. «attitudes, manières affectées par lesquelles on capte l'attention d'autrui» (
Marguerite d'Angoulême, Heptaméron LXX ds
Renson, p.401); 1580 «signes qu'un muet fait pour faire comprendre ce qu'il ne peut pas dire» (
Montaigne, Essais, I, 26, éd. citée, t.1, p.169);
c)1616
mine «aspect que présente quelque chose» (
A. d'Aubigné, Tragiques ds
Œuvres, éd. E. Réaume et De Caussade, t.4, p.39);
d)1640
avoir la mine (d'être + adj.) «avoir l'air, paraître (d'une personne)» (
Oudin Curiositez);
e)1669
payer de mine «avoir une apparence qui prévient favorablement» (
Widerhold Fr.-All.); 1835 «avoir bonne apparence, mais sans grand fond ou mérite» (
Ac.); 1835
ne pas payer de mine (
Ac., s.v. payer);
f)1954
avoir bonne mine «s'être couvert de ridicule» (
M. de Saint-
Pierre, Les Aristocrates, XVI ds
Rob.). Peut-être empr. au bret.
min «bec, museau». L'all.
Miene «mine, air» est empr. au fr.
FEW t.20, pp.13b-14a.