MERCI, subst. et interj. Étymol. et Hist. A. 1. a) 881 mercit «grâce, miséricorde, pitié» ( Eulalie, 27 ds Henry Chrestomathie, p.3); 2 emoitié xes. merci ( St Léger, 183, ibid., p.12); b) ca 1135 crïer merci «demander grâce» ( Couronnement Louis, éd. Y. G. Lepage, rédaction AB, 2206); 1160 querre merci ( Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 3616); 1176-81 demander merci ( Chrétien de Troyes, Chevalier Charrette, éd. M. Roques, 899); mil. xiiies. recevoir aucun a merci «grâcier quelqu'un» ( J.de Thuin, Jules César, 78, 13 ds T.-L.); c) 1181-90 sanz merci «sans pitié» ( Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 8119); d) ca 1200 «faveur qu'un amoureux obtient de la femme qu'il aime» ( Chatelain de Coucy, Chansons, éd. A. Lerond, XVI, 45); ca 1462 le don de mercy «les dernières faveurs d'une dame» ( Les Cent Nouvelles Nouvelles, éd. F.P. Sweetser, LIV, 25); 1666 le don d'amoureuse merci ( La Fontaine, Contes et Nouvelles ds
Œuvres, éd. H. Regnier, t.4, p.267); e) ca 1100 Dieu mercit «comme le veut Dieu» ( Roland, éd. J. Bédier, 1250); 1666-67 merci de moi ( La Fontaine, op. cit., p.305); 1669 merci de ma vie ( Molière, Tartuffe, I, 1); f) 1840 merci de Dieu «poignard qu'on a aussi nommé miséricorde» ( Ac. Compl. 1842); 2. a) 1165-70 estre en la merci d'aucun «à la discrétion de» ( Chrétien de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 1008); 1538 à la merci de ( Est., s.v. dedere); 1559 estre exposé à la merci de qqc. (p. ex. de la fortune) ( Amyot, Vies des hommes illustres, Romulus, t. 1, f o15 r o); 1608 à la merci de qqc. (p. ex. du vent) «(être livré) à l'action de, aux effets de» ( Régnier, Satyres, VII ds
Œuvres, éd. G. Raibaud, p.78, 158); b) 1283 rachat à merci «payé à la volonté du seigneur» ( Ph. de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis ds La Curne); 1636 à merci «à discrétion, à volonté» ( Monet). B. a) Ca 1135 granz merciz «remerciement, interjection pour remercier» ( Couronnement Louis, éd. citée, rédaction AB, 148); 1539 masc. ( Marot, Epigrammes, éd. C. A. Mayer, p.322); b) ca 1160 fém. «remerciement» ( Eneas, éd. citée, 1701); 1874 merci du peu! ( Lar. 19e). Du lat. mercedem, acc. de merces «salaire, récompense, solde, intérêt, rapport» et, à basse époque, «prix, faveur, grâce qu'on accorde à quelqu'un en l'épargnant».
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