MAL3, MAUX, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. a) Ca 980 «ce qui est contraire au bien, à la loi morale» (
Jonas, éd. G. de Poerck, 195: e sis penteiet de cel
mel qe fait [de uia sua mala]); fin
xes. [rendre]
ben... per mal (
Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 161);
b) 2
emoitié
xes. «ce qui est néfaste, ce qui nuit»
vouloir du mal à (
St Léger, éd. J.Linskill, 101: molt li vol
miel);
ca 1100
mult grant mal funt (
Roland, éd. J. Bédier, 378);
2. 1050 «maladie» (
Alexis, éd. Chr. Storey, 153); joint à une autre qualification, sert à dénommer diverses maladies: fin
xiies.
mal d'Acre «épidémie que durent affronter les Croisés en 1190 et 1191 durant le siège d'Acre» (
Béroul, Tristan, éd. E. Muret et L. M. Defourques, 3849);
ca 1220
grant mal «épilepsie» (
Amadas et Ydoine, éd. J. R. Reinhard, 859);
3. a) ca 1100 «souffrance physique» (
Roland, 2101: En la teste ad e dulor e grant
mal); 1174-76
mal del flanc (
Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, 1508 ds T.-L.); 1174-76
faire... mal (
Id., ibid., 4354,
ibid.); 1225-30
avoir mal en «souffrir de» (
Guillaume de Lorris, Rose, éd. F. Lecoy, 2420: home qui
a mal es denz);
b) 1223-27
mal d'enfant (Gautier de Coinci, Miracles, éd. V. F. Koenig,
II Chast. 10, 963); 4. a) ca 1100 «tort» (
Roland, 578: Mult grant
mal funt... a lur seignur, ki tel cunseil li dunent);
b) 2
emoitié
xiiies. [ms] «dégâts matériels» ([
Guérin], De Beranger au long cul [
ms. A], 195 ds J.
Rychner, Contribution à l'étude des Fabliaux, p. 107: N'a mon escu ne ferai
mal [ms. D, fin
xiiies., 147: Ne ses heaumes n'a point de
mal]);
5. 1155 «souffrance morale» (
Wace, Brut, 8690 ds T.-L.);
cf. ca 1165 (
Troie, 17742,
ibid.: ço no fait al cuer grant
mal); 1803
mal du pays (
Chateaubr., Génie, t. 1, p. 228);
6. ca 1170 «le mauvais côté, le mauvais sens» (
Chrétien de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 2467: que ses sire an
mal nel preist); 1690
tourner en mal (
Fur.);
7. a) 1567
aller à mal «(d'une chose) empirer» (
Amyot, Demosth., 5 ds
IGLF);
b) 1635 «inconvénient»
il n'y a point de mal à ce que (
Guez de Balzac, Lettres, livre VII, 47 ds
Œuvres, Paris, 1665, t. 1, p. 317);
8. 1690 «effort, peine»
avoir du mal à (
Fur.). Substantivation de
mal2* plutôt que de l'adj. lat. substantivé
malum dont l'évolution phonét. se confond avec celle de l'adv.
male, mais qui n'a pas été maintenu dans les autres lang. rom. et a été remplacé par l'adv. substantivé;
cf. ital. sarde
male, esp. cat. port.
mal.
FEW t. 6, 1, p.128a.