MARTINGALE, subst. fém.
Étymol. et Hist. A. 1. 1491
chausses à la martingale «chausses munies d'un pont à l'arrière» (
10eCpte roy. de P. Briçonnet, f
o5 ds
Gay,
s.v. chausses); 1535 (
Rabelais, Gargantua, chap. 19, éd. R. Calder, M. A. Screech, V. L. Saulnier, p.126, var.); 1542
Martingalle «pont à l'arrière des chausses» (
Id, Pantagruel, chap.7, éd. V. L. Saulnier, p.40, var.), seulement au
xvies., v.
Hug., s.v. martingale et
chausse1; 2. 1611 «courroie du harnachement du cheval reliant la sangle à la muserolle» (
Cotgr.);
3. 1836 mar. (
Raymond, Suppl. au dict. de l'Ac. fr.);
4. 1902 «bande de tissu placée horizontalement dans le dos d'un vêtement pour en retenir l'ampleur» (
Nouv. Lar. ill.).
B. 1760 jeux
faire la martingale «jouer le double de ce qu'on a perdu» (
Diderot, Lettres à Sophie Volland, 6 nov., t. 1, p.183); 1801
martingale «combinaison plus ou moins scientifique destinée à assurer des gains» (
L. B. Picard, Les Provinciaux à Paris, II, 1 ds
Littré). Prob. issu, avec insertion d'un
n, fréq. en lang. d'oc (v.
Ronjat t. 2, pp.363-364), du prov.
martegalo, fém. de
martegal «habitant de Martigues», les Martigaux ayant eu, en raison de la situation isolée de leur ville à l'embouchure de l'étang de Berre, une réputation de naïveté, de bizarrerie et d'extravagance (
cf. prov.
martegau «naïf, qui s'étonne de tout»,
martegalado «naïveté, badauderie» ds
Mistral; cf. l'expr.
à la martingal(l)e «d'une manière absurde» att. au
xvies. ds
Hug.): des chausses dont le pont est placé à l'arrière, c'est un vêtement conçu de manière absurde, de même que jouer le double de ce qu'on a perdu, c'est une manière absurde de jouer. Voir
H. E. Keller ds
R. Ling. rom. t. 23, pp.293-299, et
FEW t.6, 1, p.383.