MARRE2, adv.
Étymol. et Hist. 1881 adv.
maré «assez» (
Esn.); 1883 subst. masc.
J'en ai maré «dégoût» (
ibid.); 1895
J'en ai mar «je suis excédé» (
ibid.); 1896 adv.
Marre «assez!» (
Delesalle, Dict. arg.-fr. et fr.-arg., p.176). Orig. incert. Plus prob. déverbal de
marer, se marer* «s'ennuyer» (v.
Esn.), qu'issu de
se marrir (v.
marri),
cf. les dér.
marrement «chagrin, déplaisir» (1050 −
xiiies.),
marrissement «déplaisir» (
xiiie−
xvies.),
marance «affliction, faute légère, toute sorte de faute, d'infraction aux règles» (
ca 1200 −
ca 1400), etc., dont il reste quelques traces dans les parlers d'oïl; selon P.
Guiraud ds
Cah. Lexicol. t. 17, pp.10 à 13, le rattachement de
maré*, mare à la famille de
marelle* et plus particulièrement aux formes
merel, mereau, qui désignent différentes sortes de jetons:
meriau «jeton servant de monnaie de convention» (
ca 1245-1400),
méreau «jeton de présence, jeton qui sert à compter» (
xvie-
xviies.),
merelle «jeton», puis «gage, gain», «part due» (
xve-
xvies.) (v.
FEW t. 6, 1, p.368b, 369, 370a) l'amène à donner à
mare le sens de «jeton qui sert à attribuer la part qui vous est due dans une distribution», puis de «part» et à
avoir son maré, son mar le sens de «avoir sa part», mais cette hyp. n'entraîne pas entièrement la conviction. L'hyp. d'un empr. à l'ar.
andek «tu as eu»,
marra «une fois» c'est-à-dire «ça suffit» (
Rob.) n'est étayée par aucun texte venant d'Afrique du Nord.