MARGUERITE, subst. fém.
Étymol. et Hist. I. 1. 1130-40
margerie «perle» (
Wace, Ste Marguerite, 13 [ms. A] ds T.-L.); fin
xiie-début
xiiies.
margarite (
Lapidaires anglo-norm. éd. P. Studer et J. Evans, IV, 290);
ca 1340
marguerite (
Le Tombel de Chartrose, éd. E. Walberg, XVIII, 330);
2. 1180-90
geter sa margerie entre les porciaux (
Alex. de Paris, Alexandre, branche IV, 1613 in Elliott Monographs, n
o37, p. 356); 1523
jeter, semer des marguerites devant les pourceaux (
Lefèvre d'Étaples ds
Kunze 1935, p. 87).
II. 1. a) xiiies. bot.
flors des margerites «pâquerette» (
Aucassin et Nicolette, éd. M.Roques, XII, 25); 1364
marguerite (
Guillaume de Machaut, Le Dit de la marguerite, éd. A. Fourrier, 207);
b) av. 1
remoitié du
xves.
margarite «grande marguerite» (
Le Verger d'Amours ds
Anc. Poésies fr., éd. A. de Montaiglon, IX, 283); 1543
marguerite blanche (
Fuchsius, De historia stirpium, Paris, J. Bogard, f
o355 v
o, chap. 337); 1547
grande marguerite (
R. Estienne, De Latinis et graecis nominibus arborum ... cum gallica eorum appellatione, p. 17);
c) 1692
marguerite d'Espagne «chrysanthème des jardins» (
La Culture des fleurs, Bourg, p. 72 ds
Roll. Flore t.7, p.57);
2. 1694 mar. (
Corneille);
3. 1841 «bloc rectangulaire dont le dessous bombé et strié sert à travailler le cuir» (
Dict. de l'industr. manufacturière comm. et agric., X, 509,
s.v. corroyage). Empr. au lat. class.
margarita «perle», du gr. μ
α
ρ
γ
α
ρ
ι
́
τ
η
ς d'origine orientale (v.
Chantraine);
marguerite a éliminé la forme pop.
margerie (
supra); le sens de «fleur» s'est développé en fr.; celui de «perle», fréq. au Moy. Âge a disparu sauf dans la loc. arch.
jeter des perles aux pourceaux d'apr. la phrase de Matthieu VII, 6:
Ne jetez pas vos perles devant les pourceaux (
Neque mittatis margaritas vestras ante porcos).