MARCHÉ, subst. masc.
Étymol. et Hist. I. 1. Fin
xes.
marched «réunion de vendeurs et d'acheteurs dans un lieu public où se débitent denrées et marchandises» (
Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 76);
2. a) 1155
marchié «lieu public où se débitent denrées et marchandises» (
Wace,
Brut, éd. I. Arnold, 2301); 1904 fig.
marché aux puces (
Frapié,
loc. cit.);
b) ca 1160
marcié «ce qu'on achète au marché, ce qu'on en rapporte» (
Moniage Guillaume, I, 658 ds T.-L.); 1868
faire son marché (
Littré);
c) 1678
faire le marché d'autrui (
La Fontaine,
Tircis et Amarante ds
Œuvres, éd. H. Régnier, t. 2, p.278);
3. ca 1150
marchié «bourg qui a le droit de tenir marché» (
Charroi Nîmes, éd. D. McMillan, 385); av. 1778
marché «ville, pays qui est le siège de transactions commerciales importantes» (
Voltaire,
Pol. et lég. Fragm. hist. sur l'Inde, XVI ds
Littré);
4. 1853 «état de l'offre et de la demande (terme de bourse)» (J.
Proudhon,
Man. du spéculateur à la bourse, I, ch. II, 53 ds
Quem. DDL t.16);
5. 1934 «ensemble des consommateurs d'un produit» (
Chardonne,
Destin. sentim., p.310 ds
Rob.).
II. 1. a) Ca 1100 «vente, achat à un prix débattu» (
Roland, éd. J. Bédier, 1150); 1538
venir sur le marché de qqn «essayer d'obtenir une place, un avantage qu'un autre sollicite» (
Est.,
s.v. praemercor); 1566
aller sur le marché de qqn «
id.» (H.
Estienne,
Apol. pour Her., ch. 19 (I, 410) ds
Hug.); fin
xvies.
courir sur le marché de qqn «
id.» (
Brantôme, Couronnels franç. (VI, 206-207) ds
Hug.);
ca 1570
mettre à qqn le marché au poing «donner le choix de conclure ou de rompre un marché; obliger à se décider dans un sens ou dans l'autre» (
Carloix, IX, 2 ds
Littré); 1690
mettre à qqn le marché à la main (
Fur.); 1838
mettre à qqn le marché à la main (
Chateaubr.,
loc. cit.);
b) comm. bourse 1785
marché à terme (
Encyclop. Méthod. Finances, 1787, p.92); 1819
marché à prime (E.
Gosse,
Proverbes dramatiques, Les Jeux de la bourse, I, 219 ds
Quem. DDL t.20); 1826
marché ferme (J.
Bresson,
De la liquidation des marchés à terme à la bourse de Paris, 1
repart., 11-12 ds
Quem. DDL t.16); 1840
marché au comptant (
Mozin-
Biber,
s.v. comptant); 1945
marché noir (
Triolet,
loc. cit.);
c) 1534
par le marché «en plus, en outre» (
Rabelais,
Gargantua, éd. M. A. Screech et V.-L. Saulnier, chap. 23, p.162); 1735
par-dessus le marché (
Marivaux,
Paysan parvenu, 1
repart. ds
Littré);
2. ca 1210
marchié «affaire (en général)» (
Herbert de Dammartin,
Foulque de Candie, éd. O. Schutz-Gora, 2586); 1671 «convention, arrangement quelconque» (M
mede Sévigné,
Lettre du 6 février à Mmede Grignan ds
Lettres, éd. Monmerqué, t.2, p.46);
3. a) 1178
a bon marchié (
Renart, éd. M. Roques, 13003); 1615
bon marché «fait d'être à bas prix, peu cher» (A.
de Montchrétien,
Traité de l'économie politique ds
Kuhn, p.77); 1694
bon marché (expr. adj.) «qui est à bas prix, peu cher» (
Ac.);
b) fin
xiies.
marcié «prix d'achat» (
Floire et Blancheflor, éd. M. Pelan, 955);
c) 1216
estre a grant marchié «être à bon marché» (
Fergus, 141, 27 ds T.-L.);
ca 1315
estre a marchié (
Geffroy de Paris,
Chronique métrique ds
Romania t.78, p.111);
c) 1310-1340
avoir grant marchié de qqc. «avoir qqc. à bon marché» (J.
de Condé,
Dits et Contes, éd. A. Scheler, II, 25, 808); 1461
avoir bon marché de qqc. «tirer profit de» (
Chastellain,
Chronique, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 3, p. 348);
d) av. 1188
faire grant (bon) marchié de qqc. «vendre à bon compte, à bon marché» (
Partenopeus de Blois, éd. J. Gildea, 25, 8118). Du lat.
mercatus «commerce, trafic, négoce, marché public, foire» (de
merx, mercis «marchandise»).