MANOEUVRE1, subst. fém.
Étymol. et Hist. I. 1. Ca 1180 anc. prov. «ouvrage» (
Girart de Roussillon, éd. W. Mary Hackett, 1803: Set ans n'estui faidis en bos espes, Qu'en ovra(r)e
manevres de quei visques, Quant nien a trait reis Carles per ses marces);
2. 1248 «opération impliquant le mouvement de la main» ici «corvée manuelle»
manuevres (
Réglem. des droits de la ville d'Aumes, Cart. blanc de Corbie, Richel. 1. 17759, f
o74 r
ods
Gdf.); 1309
maneuvre d'homme «travail manuel» (
Charte, Reg. 5
o, Chartoph. reg. ch. 35 ds
Du Cange t. 5, p. 225b);
3. 1616 «opération servant à diriger un navire» (
D'Aubigné, Histoire Universelle, X, 21, éd. A. de Ruble, 6, 320); p. ext. 1643 «cordages servant à manoeuvrer un navire» (
G. Fournier, Hydrographie, Paris, p. 39); 1678
manoeuvres coulantes ou courantes et manoeuvres dormantes (
Guillet, 3
epart., p. 224);
4. 1876
manoeuvres des trains (
Huysmans, Marthe, p. 83).
II. 1694 (
Ac.:
Manoeuvre. Il se dit aussi, en parlant des mouvements qu'un General ou un autre homme de commandement fait à la guerre); 1772, 14 août
les manoeuvres militaires (
D'Alembert, Lettre au roi de Prusse ds
Littré); 1805
les grandes manoeuvres (
Napoléon Ier,
Lettres Joséph., p. 95); 1830
champ de manoeuvre (
Michelet, Journal, p. 72).
III. 1690 (
Fur.:
Manoeuvre, se dit aussi figurément en Morale, en parlant de la conduite qu'on observe pour faire réussir quelque affaire ou entreprise; il ne se dit gueres qu'en mauvaise part); 1792
manoeuvres ministérielles (
Robesp., Discours, Sur la guerre, t. 8, p. 136); 1802
manoeuvres politiques (
Baudry des Loz., Voy. Louisiane, p. 10); 1835
manoeuvres électorales (
Michelet, op. cit., p. 205). Du lat. pop.
manuopera, littéralement «travail fait avec la main», formé du lat.
manū
, ablatif de
manus «main» et de
opera «activité», dér. de
opus,
operis «oeuvre, ouvrage».
Manuopera se rencontre au sens de «corvée» dans un
Capitulaire de Charlemagne (
ca 800).