MALTÔTE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. [1056 lat. médiév.
malatolta « impôt, tribut » (ds
Du Cange,
s.v. tolta); 1096 (
Cartul. d'Uzerche ds
Nierm.); 1214
maltolta (Charte de Philippe Auguste ds
Du Cange,
loc. cit.); 1222
malatosta (
Lettres du Comte de Chartres, ibid.)] 1262 [copie de 1529]
la mautoste de Coignac « impôt, redevance perçue » (
Franchises concédées par Gui de Lusignan à la ville de Cognac ds
A. Giry,
Établissements de Rouen, t. 2, p. 130; var.
mautouste, copie du mil.
xives.); 1296
malestautes (A.N. J 1124, pièce 37 ds
Gdf. Compl.); 1340
malletoste (
Cartul. de Corbie ds
Du Cange,
loc. cit.);
ca 1340 en mauvaise part
maletoute (
Bâtard de Bouillon, 3755 ds T.-L.);
2. 1721 « corps des maltôtiers, des gens d'affaires » (
Trév.)
. Maltôte « impôt extraordinaire, indûment perçu », spéc. nom donné par les contemporains à l'impôt indirect d'un denier par livre perçu par Philippe le Bel sur les transactions et les contrats de 1292 à 1297, pour subvenir aux dépenses de la guerre menée en Guyenne et en Flandre (
J. Favier,
Ph. le Bel, 1978, p. 189-190),
cf. 1306,
G. Guiart,
Royaux lignages, éd. N. de Wailly et L. Delisle, 14740 [
male-toste]; comp. de
male, fém. de l'adj. a. fr.
mal (
mal1*) et de l'a. fr.
tolte, puis
toute « vol, pillage » (1160-74,
Wace,
Rou, éd. A. J. Holden, III, 848, 4424) et « impôt, tribut » (1202 ds
Du Cange,
loc. cit.; cf. lat. médiév.
tulta ca 1019,
tolta 1067 ds
Nierm.), part. passé fém. subst. [lat. vulg. *
toll(i)ta] de
toldre « enlever » (
ca 1100,
Roland, éd. J. Bédier, 2684 et
passim), issu du lat.
tollere « enlever ».
Maltôte, à la place de la forme rég.
mal(e) toute est − soit issu par dissimilation d'une forme
maltolte refaite sur le lat. médiév.
malatolta (
supra)
, FEW t. 13, 2, p. 19a;
Bl.-W.5− soit, plus prob., le résultat de l'évolution du
o +
l suivi de consonne aboutissant à
-aw- devenant
o en m. fr., dans le Nord, le Nord-Est et l'Est, v.
Pope, § 391 (2);
Gossen, § 23;
Fouché, p. 313.