MALIN, -IGNE, adj.
Étymol. et Hist. A. Subst.
1. 1
remoitié du
xiies. subst. masc. « qui se plaît à faire le mal »
malignes [lat.
malignus] (
Psautier Oxford, 5, 5 ds T.-L.); en partic. 1530
le malin « le diable » (
Lefèvre d'Étaples,
Bible, Matth. 5, 37 ds
Kunze, p. 174);
2. 1674 « qui a de la finesse, de la ruse, de l'habileté » (
Boileau,
Art. Poét., II, 182); 1854
faire le malin (cité ds
Fr. mod. t. 23, 51 ds
Quem. DDL t. 1).
B. Adj.
1. a) ca 1170 « qui se plaît à faire le mal » en partic.
li malignes esperiz « le démon, le diable » (
Rois, éd. E. R. Curtius, I, XIX, 9, p. 38);
b) 1536 « qui est inspiré par la méchanceté »
malaingtz enseignementz (
Farce nouvelle des Brus, 250 ds
Rec. gén. des Sotties, éd. E. Picot, III, p. 95);
2. 1539 « qui a un effet nocif » en partic. méd. « qui caractérise une maladie grave »
ulcère malingt (
J. Canappe,
IIIoLivre de la méthode thérapeutique ds
Fr. mod. t. 19, p. 200);
3. 1761 « qui dénote de la finesse, de l'astuce »
une certaine coquéterie maligne et railleuse (
J.-J. Rousseau,
Nlle Heloïse, VI, Lettre V ds
Œuvres complètes, éd. B. Guyon, J. Scherer et Ch. Guyot, t. III, p. 661); 1867 fam.
c'est malin « c'est stupide » (
Meilhac, Halévy,
Gde-duch. Gérolstein, I, 4, p. 190 : comme
c'est encore
malin ça, de venir faire la grimace à un pauvre jeune soldat);
4. 1831 fam.
ce n'est pas malin « ce n'est pas difficile à comprendre ou à faire » (
Sue,
Atar-Gull, p. 13 : Devine ce que je fais faire de toi et de ton équipage? Bigre,
ce n'est pas malin! nous piller scélérat). Empr. au lat.
malignus « de nature mauvaise, perfide, méchant » dér. de
malus, v.
mal1; apparaît d'abord sous la forme
maligne pour les 2 genres en a. fr.; sur le modèle des adj. en
-in, -ine ont été refaites la forme masc.
malin, ca 1460 (
G. Chastellain,
Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, I, 35) et la forme fém.
maline, xvies. ds
Hug., restée jusqu'à nos jours dans la prononc. vulg. et dans les patois (
Nyrop t. 1, § 335), la prononc. avec
n mouillé devenant générale au
xviies.