MACHIAVÉLIQUE, adj.
Étymol. et Hist. 1578
machiavellique (
H. Estienne,
Deux dialogues du nouveau langage françois italianisé, éd. P. Ristelhuber, t. 2, p. 146), attesté au
xvies.; à nouv. 1791 (
Robesp.,
Discours, Guerre, t. 8, p. 58). Dér. du nom de
Machiavel; suff.
-ique*.
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Histoire :
A. « de Machiavel, propre à Machiavel ». Attesté en 1578 (Estienne, Dialogues, page 345 = GdfC : [Philausone] Et ont [les courtisans] ceste maxime de ne se formalizer d'aucune chouse qui le [christianisme] concerne. [Celtophile] Voyla une merveilleuse maxime ! elle semble estre machiavellique. [Philausone] Elle le seret si Machiavel instruiset non seulement les princes mais aussi les simples gentilshommes). On relève une deuxième attestation du mot à la fin du 16e siècle, sous la plume de Philippe de Marnix de Sainte Aldegonde : Ceste sentence a esté admirée et soigneusement ensuivie de tous ceux qui ont été instruits en la cabale Machiavellique (Marnix, Écrits, page 31 = Littré, Suppl.). Le sens de l'adjectif semble essentiellement relationnel, plutôt que « perfide, sans scrupules », proposé par Reinhard in FEW 6/1, 9b. Ce sens relationnel devient rare au delà du 16e siècle, et réapparaît seulement, comme un archaïsme, dans Ac9 qui indique : Syn. ancien de Machiavélien. Les attestations lexicographiques des 19e (Littré) et 20e siècles (Ac8), qui donnent pour sens : « Conforme ou analogue aux principes politiques de Machiavel », concernent en fait le sens qualificatif de l'adjectif, comme le montrent les exemples. -
B. 2. « (acte) qui est conçu, réalisé dans un esprit de perfidie, de mauvaise foi, de déloyauté ». Attesté depuis av. 1652 (Talon, Mémoires, volume 1, première partie, page 7 : ledit Sieur le Coigneux, soit par faute de resolution, ou par bonté naturelle, ennemi de toutes sortes de violences, n’ayant pas voulu donner avis à M. le Duc d’Orléans de mettre main basse, & porter les choses aux dernieres extrêmitez, lorsqu’il alla déclarer inimitié à M. le Cardinal de Richelieu, ce qu'il falloit faire en bonne politique Machiavélique, de laquelle le Cardinal de Richelieu sçachant mieux les principes & la pratique que les autres, il arriva que cette contention l’éleva infiniment). -
B. 1. a. « (personne) qui use de procédés perfides, hypocrites voire diaboliques pour parvenir à ses fins ». Attesté depuis 1791 (Robespierre, Discours, volume 8, page 58 = Frantext : La cour et le ministère après s'être ouvertement déclarés pour les aristocrates, semblent avoir adopté les formes et les projets de cette tourbe machiavélique). -
B. 1. b. « (appliqué à un trait physique ou moral) qui traduit un esprit perfide, hypocrite, voire diabolique ». Attesté depuis 1789 (Grouvelle, Autorité, chapitre 14, page 75 : Louis XIV avoit régné en effet comme un Sultan, mais comme un Sultan formaliste ; son respect machiavélique pour certains usages déguisoit son mépris réel des Loix & des droits ). -
Origine :
Formation française : dérivé déonomastique du nom propre de personne Machiavel (forme francisée du patronyme de Niccolò Machiavelli, publiciste italien [1469–1527], inventeur et partisan d'une théorie politique selon laquelle la fin justifie les moyens, quels qu'ils soient) à l'aide du suffixe ‑ique* (C. 1). La forme des premières attestations, avec doublement du « l », cf. ci‑dessus A., s'explique très vraisemblablement par les règles de graphies au 16e et au début du 17e siècles, le caractère « é » n'étant pas utilisé à l'intérieur des mots. On ne peut cependant totalement écarter une influence de la forme italienne du nom Machiavelli. Cf. Reinhard in FEW 6/1, 9b‑10a, Machiavelli 1.
Rédaction TLF 1985 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2009 : Sarah Leroy ; Gilles Petrequin. - Relecture mise à jour 2009 : Nadine Steinfeld ; Éva Buchi ; Yan Greub ; Enrico Arcaini ; Thomas Städtler ; Pascale Baudinot.