LOINTAIN, -AINE, adj. et subst. masc.
Étymol. et Hist. I. Adj.
A. Dans l'espace
1. d'une chose
ca 1140
un lointain reialme (Pèlerinage de Charlemagne, 68 ds T.-L.); 1269-78
loingtiens pelerinages (
Jean de Meun,
Rose, éd. F. Lecoy, 9848); 1762 « qui vient de loin » (J.-J.
Rousseau,
Emile, IV, éd. B. Gagnebin et M. Raymond, p. 679 : ma table couverte ... de charognes
lointaines);
b) 1283 fig.
loingtien degré de lignage (
Beaumanoir,
Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 446);
2. a) d'une pers.
ca 1140 « qui demeure, qui vient de loin » (
Geffrei Gaimar,
Estoire des Engleis, éd. A. Bell, 4498);
b) fig.
α) 1
erquart
xiiies.
estre a Dieu lointains (
Renclus de Molliens,
Miserere, 24, 12 ds T.-L.);
β) 2
emoitié
xiiies.
parente lontaigne (
Institutes, BN fr. 1064, fol. 46 b ds
Gdf.);
γ) 1422
lointaing immitateur des orateurs (
Alain Chartier,
Quadrilogue invectif, éd. E. Droz, prol., p. 1, 6).
B. Dans le temps
ca 1160 « qui remonte loin »
molt lointaing äage (
Eneas, 543 ds T.-L.).
II. Subst.
1. 1155 « pays lointain » (
Wace,
Brut, éd. I. Arnold, 3846), ex. isolé;
2. 1640 peint. (A.
Oudin,
Seconde partie des Rech. ital. et fr. d'apr.
FEW t. 5, p. 406 b; éd. 1642, p. 342 b);
3. 1685 « plan situé dans l'éloignement »
en lointain (
La Fontaine,
Filles de Minée ds
Œuvres, éd. R. Groos et J. Schiffrin, t. 1, p. 334). D'un lat. vulg.
*longitanus (également postulé par les dér. ital. et cat.,
FEW, loc. cit.), dér. de
longe (v.
loin), peut-être d'apr.
*subitanus (v.
soudain), class.
subitaneus.