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LIER, verbe trans.
Étymol. et Hist. I. Entourer d'un lien; attacher ensemble, réunir par un lien. A. Un animé 1. 2emoitié xes. « entourer quelqu'un de liens, l'entraver pour le maintenir captif » (St Léger, éd. J. Linskill, 150 : [Ewruins] Penre'l rovat, lïer lo fist [Sanct Lethgier]); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 3965 : Puis si li lient e les piez e les mains [a Guenelun]); id. liier a « attacher à l'aide de » (ibid., 3738 : Les mains li lient a curreies de cerf [id.]); 1668 lier un fou (Racine, Plaideurs, I, VIII); 2. liier (aucun) a « attacher (quelqu'un) à (quelque chose) »; ca 1130 une personne (Couronnement de Louis, 758 ds T.-L. : Et a l'estache leiez et arestez); ca 1170 un cheval (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 466 : A la mangëoire le loie); 3. 1160-74 « lacer (une femme), lui attacher les liens de ses vêtements » (Wace, Rou, éd. J. Holden, III, 576); 4. ca 1200 liier les plaies « bander les plaies » (Chanson de Guillaume, éd. D. McMillan, 521); 5. 1377 p. ext. cynégétique « (en parlant d'oiseaux dressés à la chasse) saisir sa proie pour la plaquer à terre ou l'enlever » (Gace de La Buigne, Deduis, 2242 ds T.-L.); ca 1393 (Ménagier, II, 281, ibid.). B. Un inanimé 1. « unir par un lien les différents éléments d'un assemblage » a) ca 1150 tonneaus loier (Charroi de Nîmes, éd. D. McMillan, 966); b) ca 1393 liier [un potage, une sauce], part. prés. adj. lÿant « (d'un potage) dont les éléments font corps, moelleux, épais » (Ménagier, II, 15 ds T.-L. : Gravé d'oiselets... ne doit point estre trop lÿant, mais claret; doncques ne convient il que le pain ou les foies pour lïer); c) 1396 « unir, lier avec du ciment » cloquier bien loyés et bien ferme (doc. ap. Pièces et doc. relatifs au siège de Péronne, p. 79, Techener ds Gdf. Compl.); 2. ca 1170 liier aucune rien a « fixer, assujettir par un lien (quelque chose) à » (Marie de France, Lais, Fresne, éd. J. Rychner, 128); 1606 vitic. (Nicot); 3. fin xiiie-début xives. [ms.] « fermer (un sac) par un lien » (Erberie, texte anonyme du ms. BN fr. 19152, fol. 89, publ. ds Œuvres de Rutebeuf, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 2, p. 268 : s'il la met en un sac et il loie bien la bouche); 4. 1386 « attacher entre eux divers éléments d'un vêtement (ici, d'une armure) » (doc. ap. Lobin, Hist. de Bret., II, 672 ds Gdf. Compl.); 1530 « lacer [cf. A 3] » (Palsgr., p. 560 b : je lie ma chause); 5. « établir une continuité entre divers éléments » a) 1690 lier ses lettres (Fur.); b) 1771 mus. notes liées (Trév.). II Fig. A. 1174 cont. biblique synon. de vetare, interdicere, non remittere [Blaise Liturg., § 280] « ne pas pardonner, imposer des obligations, des peines en relation avec le péché » v. Théol. cath. t. 1, 1, p. 139 b (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 2269 : lïer et deslïer [cf. Matthieu, xvi, 18-19]). B. Établir un lien affectif, moral, logique. 1. 1160-74 lien religieux, moral (Wace, Rou, éd. J. Holden, 1717 : Gardez vous de mal fere, que pechié ne vous lit); 1erquart xiiies. (Reclus de Molliens, Carité, 130, 10 ds T.-L. : Moine ... cui li liiens de l'ordre lie); ca 1245 (St Alban, 488, ibid. : A lui [Dieu] vus cumant e abandun e li); 1269-78 lien du mariage (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 8752); 2. 1176 lien affectif (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 6663); 3. 1269-78 soi loier « engager son service contre rétribution » (Jean de Meun, Rose, 7595); 4. 1283 lien jur. (Beaumanoir, Coutumes de Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 1263); 5. av. 1563 lien log. (La Boétie, 200 ds Littré). C. « Inhiber, entraver, assujettir » ca 1200 (Renart, éd. M. Roques, 10982 : la parole m'enpire et lie); 2emoitié xiiies. (Eudes de La Courroirie, V, 37 ds Z. fr. Spr. Lit. t. 32, 1908, p. 213 : ...la langue me lie); 1269-78 (Jean de Meun, Rose, 16348 : Qui se fie en fame ... Il se lie Les mains e se cope la gueule), ca 1274 (Adenet Le Roi, Berte, éd. A. Henry, 453 : Les mains li ont loiies par lour desloiauté); 1408 lier [aucun] « lier l'aiguillette [à quelqu'un] » (Arch. nat. JJ 162, pièce 240 ds Gdf.). Du lat. ligare « attacher, lier, assembler, bander; entourer, encercler; fixer, maintenir; unir, joindre » au propre et au fig. Les formes régulières issues de lĭgat - lĭgare étant leie, loie - leiier, loier (formes qui demeurent dans de nombreux dial., notamment du quart nord-est de la France, FEW t. 5, p. 319 a), le type très anc. [il] lie - lier est le plus souvent expliqué p. anal. avec prie < prĕcat, scie < sĕcat, nie < nĕgat, avec extension à la conjug. entière, du rad. du prés. de l'ind. 3 (Fouché, p. 448; Bl.-W.5; v. aussi l'hyp. de Fouché, p. 282 qui, constatant l'ancienneté du type lie - lier, suppose qu'il pourrait reposer sur un *līgat - *līgare que postuleraient de même l'a. prov. liar, ligar, le cat. lligar, le cast. et port. ligar).