LIBERTIN, -INE, adj. et subst.
Étymol. et Hist. 1. 1468 subst. hist. et dr. romains « affranchi » (
Jean Miélot, Trad. de
Cicéron,
Lettre à Quintus ds
Bibl. Éc. Chartes, t. 99, 1938, p. 113);
2. a) 1525 subst. masc. plur. « membres d'une secte juive au temps des apôtres » (
Actes, VI, 9,
Nouv. Test., éd. Lefebvre d'Étaples ds
Littré Suppl.); 1544 « membres d'une secte politico-religieuse qui se dressa contre l'autorité de Calvin, à Genève » (
Calvin,
Brieve Instruction... contre les erreurs... des Anabaptistes, Corp. Ref., t. VII, col. 55, 139 d'apr. J.-Cl.
Margolin ds
Colloque international de Sommière, p. 4, note 21); d'où
b) av. 1555 subst. « celui qui s'affranchit de toute religion » (
Tahureau,
Sec. Dialogue du Democritic, p. 180 ds
Hug.); puis
3. 1568 adj. « épris d'indépendance, qui va en toute liberté » (
Philibert Bugnyon,
Des lois inusitées, 26 ds
Delb.,
Notes mss); 1575 subst. (
Thevet,
Cosmogr., II, 3 ds
Hug.);
4. 1662 « qui est déréglé dans ses mœurs, sa conduite » (
Molière,
École des femmes, III, 2, 698). Empr. au lat.
libertinus « affranchi », dimin. de
libertus « id. » de
liberatus part. passé de
liberare « libérer ». Le sens 2a est prob. dû à une mauvaise interprétation des
Actes des Apôtres (VI, 9) où le mot, traduit par Lefèvre
libertin désigne les adeptes d'une secte juive. Le mot fut ensuite appliqué à des sectes religieuses, notamment à Genève, et l'on a dû alors le rapprocher de
liberté (
cf. FEW t. 5, pp. 305-306). Au sens 1 l'angl.
libertine est attesté dep. 1382 ds
NED Libertyn.