LIBERTÉ, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. Début
xiiies. philos.
liureteit « pouvoir qu'a la volonté de se déterminer sans subir aucune contrainte » (
Sapientia ds
Dialogue Grégoire, éd. W. Foerster, p. 289, 18);
2. 1266
libertés « immunités, franchises » (
Charte de franch. octr. à la ville d'Orgelet, Tuetey,
Ét. sur le dr. munic. en Fr.-Comté, p. 189 ds
Gdf.
Compl.);
3. ca 1355
liberté « degré le plus élevé d'indépendance reconnu à un groupe social » (
Bersuire ms. B.N. n
o20312 ter, f. 27 verso ds
Littré); 1765
liberté naturelle (
Encyclop. t. 9);
4. 1324 « condition de l'homme qui ne dépend pas d'un maître » (
Lett. de Ch. le Bel, A.N. JJ 62, f
o178 r
ods
Gdf.
Compl., s.v. franchise);
5. 1365
liberteit « état de quelqu'un qui n'est pas prisonnier » (
Psautier Lorrain, éd. Fr. Apfelstedt, XVII, 19);
ca 1393
liberté « état de quelqu'un qui n'a pas d'engagement » (
Ménagier, éd. Sté Bibliophiles fr., t. 1, p. 100);
6. id. liberté de + inf. « possibilité pour quelqu'un d'agir sans contrainte » (
op. cit., t. 1, p. 101); 1538 « absence de toute contrainte sociale ou morale; hardiesses en paroles » (
Est.); 1680
prendre des libertés (avec une femme) (
Rich. qui cite
Maucroix,
Schisme, 1. I, dont le privilège est de 1675);
7. 1538
liberté « jouissance de droits politiques accordés à tout homme reconnu comme citoyen » (
Est.); 1694
liberté publique (Ac.); 1748
liberté politique (
Montesquieu,
Esprit des Loix, livre XI, chap. VI); 1753
liberté de la presse (
Argenson,
Journ., VIII, p. 43 ds
Brunot t. 6, p. 129, note 4); 1763
liberté de penser (
Voltaire,
Traité sur la tolérance ds
Mélanges, éd. J. van den Heuvel, p. 585); 1787
liberté individuelle (
De Lolme,
Constitution d'Angleterre, t. 1, p. 33 ds
Brunot t. 6, p. 128, note 6). Empr. au lat.
libertas, -atis « état de celui qui n'est pas esclave » « état de celui qui jouit de ses droits de citoyen » « état d'un peuple qui n'est pas soumis à une autorité arbitraire (ou extérieure) » « pouvoir de se déterminer soi-même » et « indépendance de quelqu'un dans son comportement et ses paroles » d'où « hardiesse, franc parler », également attesté en lat. médiév. au sens de « privilège, charte conférant un statut privilégié » (1002 ds
Nierm.).