LIARD1, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1383, 20 févr. (Arch. de l'Isère, Chambre des Comptes du Dauphiné B 4400 [
Inventaire par A. Prudhomme, t. 4, p. 235a]); 1384, 20 sept. (
Ordonnances des rois de France de la 3erace, t. 7, p. 89 : Lettres qui fixent le prix des Monnoyes qui doivent avoir cours dans le Dauphiné : ... que aucun ... ne prengne ne mette aucunes Monnoyes d'Or ou d'Argent ... pour quelque prix que ce soit excepté les Francs d'Or fin ... les
liards pour six Deniers Viennois); 1467, 18 sept. (
op. cit., t. 17, p. 14 : Lettres pour ordonner la fabrication de liards en Daulphiné : informés ... que ... en Daulphiné ait si grant faulte de menue monnoye, mesmement de
lyards dont de toute ancienneté nos subgects dudict pays ont accoustumé de user, ...; seront forgéz deniers blancs appelez
lyards de France de trois deniers de loy argent le Roy ...); 1526
la valleur d'un liard pour exprimer une minime valeur (
Jean Marot ds
Œuvres de Clément Marot, éd. La Haye, 1731, t. 5, p. 144); 1578
un liart de salade (
Traduct. de Térence, fol. 22 v
o, éd. 1578 ds
Gdf. Compl.). Étymol. controversée. L'information fournie par
Guy Allard,
Bibl. du Dauphiné, p. 137 (rapportée par
Mén. 1694) selon laquelle
liard serait issu du nom de Guigues Liard, de Crémieu-en-Viennois, qui aurait frappé cette monnaie en 1430, conviendrait bien à son origine géogr., mais la date est de toute évidence erronée; les recherches menées dans les inventaires impr. de la Chambre des Comptes de Dauphiné (série B, t. 3 et 4) n'ont pas permis de vérifier cette information. L'hyp. couramment avancée (
FEW t. 5, p. 316b) est celle d'une substantivation de l'adj. a. fr.
liart « de couleur grisâtre » [en parlant de la robe d'un cheval ou, à partir du
xiiies., et plus rarement, de la chevelure d'une personne] (
ca 1150
le lïart rous, Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 4763); l'emploi de cet adj. pourrait convenir pour désigner cette monnaie d'argent (le liard de cuivre n'étant pas antérieur au
xviies.), v. A.
Blanchet, et A.
Dieudonné,
Manuel de numism. fr., t. 4, pp. 46 et 177 [v. note 1]; l'adj.
liart est lui-même d'orig. controversée, certains le tirant du m. irl.
liath « gris »
(EWFS2), d'autres le faisant dériver de
lie (de vin)*, le marc de raisin blanc étant de couleur jaune grisâtre
(FEW, loc. cit.).