LIAISON, subst. fém.
Étymol. et Hist. I. A. Action de lier, de relier; état de ce qui est lié, relié.
1. 1260 maçonn. « assemblage d'une assise de pilier composé » ([H.
Omont]
Album de Villard de Honnecourt, fac-similé du ms. 19093 de la Bibl. nat., pl.
xxx [fol. 15 v
o] : chi prennés matere d'on piler metre a droite
loisons; pl.
lxiii [fol. 32] : Par tos ces pilers sunt les loizons teles come eles i doivent estre);
id. « assemblage des quatre éléments d'une assise d'un pilier quadrangulaire (appareil plein-sur-joint) » (
id., pl.
xl [fol. 20 v
o] : Par chu fait on on piler de quatre cuins venir a
loison);
2. a) 1538 (
Est.,
s.v. suffraenatio : Liaison forte et serree qu'on fait es murailles); 1606 « action de faire adhérer entre eux tous les éléments d'un mur » (
Nicot);
b) fin
xvies. « (en parlant d'un matériau) état de ce qui est lié, de ce qui a de la cohésion » (
ap. R. hist. et archéol. du Maine, 1887, p. 314 ds
Gdf. : sablon qui n'a aucune
liaison ne teneur);
3. 1538 (
Est.,
s.v. necto-nexus : nouement,
liaison);
a) 1580 « action de lier, d'attacher (quelqu'un) » (
Montaigne,
Essais, II,
xii ds
Œuvres, éd. A. Thibaudet et M. Rat, p. 434 : les
liaisons et emmaillottements des enfants);
b) 1597 « action de cercler (des tonneaux) » (
Liébault,
Mais. rust., p. 601, ds
Gdf.);
4. 1559 « ensemble de choses liées » (
Amyot,
Marcellus, 20 ds
Œuvres, éd. G. Walter, t. 1, p. 679);
5. 1588 fig. « état de ce qui est lié, agencé » (
Montaigne,
op. cit., I,
xxiii, p. 118 : la
liaison et texture de cette monarchie);
6. 1656, 30 sept.
id. « rapport de connexité entre deux choses » (
Pascal,
xiiieProvinciale ds
Œuvres, éd. J. Chevalier, p. 812).
B. Ce qui sert à lier
1. 1393 art culin. (
Ménagier, II, 140 ds T.-L.);
2. 1482 « lien servant à ligoter quelqu'un » (
Mystère de St Didier, éd. J. Carnandet, p. 406); 1559 « lien, ce qui sert à attacher, à entourer » (
Amyot,
Alexandre, t. 2, p. 343);
3. 1538 (
Est.,
s.v. conjugo-conjugatio : conjugatio verbale, verborum Ciceron :
liaison); 1559 « ce qui lie les mots entre eux » (
Amyot,
Démosthène, 3, t. 2, p. 709); 1592 gramm. (
Delamothe ds
Thurot Prononc. t. 2, p. 7 : nous joignons tellement nos mots ensemble par une mutuelle
liaison et proportion de voyelles et consonantes); 1649
id. mot de liaison [
car] (
Ménage,
Requête des dict. ds
Littré);
4. 1680 « trait de plume unissant les lettres d'un mot » (
Rich.);
5. 1765 mus. « trait recourbé dont on couvre les notes qui doivent être liées » (
Encyclop. t. 9, p. 455 a).
II. Action, fait de se lier, d'être lié à quelqu'un, à quelque chose.
1. a) 1324 « ce qui oblige, engage moralement » (
ap. Morice,
Preuves de l'H. de Bret., I, 1329 ds
Gdf.);
b) 1580 « ce qui entrave, brime, asservit » (
Montaigne,
op. cit., II,
xii, p. 541);
c) 1588 synon. de
amitié (
Id.,
op. cit., I,
xxviii, p. 788); 1681, 3 janv. au plur. « relations, accointances » (M
mede Maintenon,
Lett. à M. d'Aubigné ds
Littré);
2. 2
emoitié
xvies. « état de personnes liées par les sentiments » (
Lanoue, 62,
ibid.);
3. 1781 « personne avec laquelle on est lié » (
Genlis,
Théâtre d'éduc. ds
Gohin, p. 296). Dér. de
lier* à l'aide du suff.
-aison*, d'apr. le lat.
ligatio, -onis « ligature » méd.; terme de rhét.
(ligatio verborum) à basse époque; dans la lang. chrét. « action de retenir les péchés; lien moral, mariage » (
TTL s.v.; Blaise Lat. chrét.); à l'époque médiév. « ligue, pacte » (
Blaise Latin. Med. Aev., s.d.);
cf. l'a. prov.
liazon « parure, toilette, vêtement » (2
emoitié du
xiies.).