LASAGNE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. Ca 1470 [date du ms.]
lasaigne « pâte taillée en forme de ruban » (
Proverbes en rimes, éd. G. Frank et D. Miner, p. 54, LXVII, 536 : Qui fait crosetz, il fait
lasaigne);
2. 1836 p. métaph. arg.
lazagne « lettre » (
Vidocq,
Voleurs, t. 1, p.
xiii); 1900 « porte-monnaie » (
Nouguier,
Notes manuscr. dict. Delesalle, p. 162). Empr. à l'ital.
lasagna « pâte en forme de ruban » (dep. fin
xiiies.,
Iacopone da Todi ds
Batt.), d'orig. incertaine : −
REW3n
o4917,
FEW t. 5, pp. 194b-195a et
DEI le croient issu d'un lat. vulg. *
lasania « sorte de nouilles », dér. du lat.
lasanum « trépied servant à poser la marmite; vase de nuit » (mot qui aurait également signifié « marmite »), empr. au gr. λ
α
́
σ
α
ν
ο
ν « trépied de marmite », mais cette hyp. fait difficulté du point de vue sém.; − A.
Vollenweider ds
Vox rom. t. 22, pp. 440-443, s'appuyant sur un art. de M.
Rodinson ds
Studi orientalistici in onore di Giorgio Levi della Vida, t. 2, 1956, pp. 425-435 (qui reprend une hyp. déjà indiquée ds
Trév. 1771,
s.v. losange), rapproche
lasagna du fr.
losange et du prov.
lausan, et voit à l'orig. de ces mots l'ar.
lawzīnağ
« gâteau aux amandes », d'orig. persane :
lasagna et
losange ont en effet désigné anciennement des gâteaux, en partic. de forme carrée (v. extraits de livres de cuisine et de dict. cités ds A.
Vollenweider,
loc. cit.) et la cuisine ar. a exercé une infl. certaine sur la cuisine ital. (v. entre autres M.
Rodinson,
Romanía et autres mots arabes en italien ds
Romania t. 71, pp. 433-449); cette hyp., assez séduisante du point de vue sém., manque encore cependant de preuves hist. (v.
losange).