LARGE, adj., subst. masc. et adv.
Étymol. et Hist. I. Adj.
1. ca 1050 « qui a une étendue importante; vaste »
larges terres (
Alexis, éd. Chr. Storey, 402);
2. ca 1050 « généreux; qui traduit la générosité »
larges almosnes (
ibid., 93);
3. a) ca 1100 « qui a une étendue supérieure à la moyenne dans le sens de la largeur » (
Roland, éd. J. Bédier, 1217 : mult ont
large le front);
b) 1585
large de + compl. « qui a telle dimension dans le sens latéral » (N.
Du Fail,
Contes d'Eutrapel, II, p. 167 :
large de trois pieds)
4. ca 1135 « qui n'est pas rigoureux, tolérant »
le cuer si large (
Couronnement Louis, éd. Y. G. Lepage, 402);
5. fin
xiies. « qui a une large extension, important »
large folie (
Raoul de Cambrai, 1872 ds T.-L.);
6. 1478-80 « qui ne serre pas, lâche »
robe ... large assez (G.
Coquillart,
Droits nouveaux, 1473 ds
Œuvres, éd. M. J. Freeman, 204).
II. 1. 1176-81
au large « en liberté » (
Chr. de Troyes,
Chevalier Charrette, éd. M. Roques, 6631);
2. ca 1200 « étendue ou largeur » (
Jourdain de Blaye, éd. P. F. Dembowski, 1065);
3. 1395 « partie de la mer qui est loin des côtes » (
Voyage de Jérusalem du seigneur d'Anglure, 310 ds T.-L.); 1409
prendre le large de la mer (
Livre des faicts du maresch. de Boucicaut, 2
ep., ch. 21, Buchon ds
Gdf.);
ca 1470 fig.
prendre le large « s'éloigner à la hâte » (G.
Chastellain,
Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, I, 101, 13).
III. Adv.
1. 1376 « d'une façon ample » (
Modus et Ratio, 9 ds T.-L.);
ca 1260
larges overtes (
Ph. de Novare,
Quatre Ages, 117,
ibid.);
2. a) 1683, 7 sept. « d'une façon qui n'est pas étriquée »
habiller large (M
mede Maintenon,
Lett. à d'Aubigné ds
Littré);
b) 1866 fam.
n'en pas mener large (
Delvau, p. 249);
c) 1936 « d'une façon généreuse » (
Aragon,
Beaux quart., p. 245).
IV. Loc. adv.
1. 1580 en large « dans le sens de la largeur » (
Montaigne,
Essais, éd. A. Thibaudet, I, XXXI, p. 245);
2. 1807
en long et en large (
Chênedollé,
Journal, p. 24);
3. 1811
de long en large (
Jouy,
Hermite, t. 1, p. 41). I forme fém. de l'a. fr.
larc (nominatif
lars), du lat.
largus « abondant, copieux, libéral, généreux »; le masc.
larc est rare (quelques attest. de 1188-fin
xiiies. ds T.-L.). A supplanté l'anc. adj.
lé (< lat.
latus « large ») encore attesté au
xvies.,
lé ne subsistant que comme subst., v. ce mot. II, III, IV emplois subst. et adv. de I.