LAQUAIS, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. 1470 plur.
laquaiz « sorte de soldats » [à propos de la Catalogne] (doc. ds
Du Cange,
s.v. lacinones : gens arbalestriers appellez
laquaiz); 1477
id. halagues, alagues, alacays, lacays (id., ibid.); dernier quart
xves.
laquais « valet d'armée » (H.
Baude,
Vers, 81 ds
IGLF); 1527
lacatz « courrier (dans l'armée) » (
Le Loyal Serviteur [J. de Mailles],
Hist. de Bayart, ch. 56 ds
Hug.);
2. 1547 « valet » (N.
du Fail,
Propos rustiques, éd. J. Assézat, p. 73 : et les amours des grosses Bourgeoises ne se demeinent que par cinq ou six vieilles et
laquaiz de nostre college); 1736 emploi péj. (
Destouches,
Le Dissipateur, II, 1 ds
Littré : menteur comme un
laquais). Mot d'abord attesté dans le Sud-Ouest (
cf., outre l'attest.
supra 1470, J.
de Roye,
Chron. scandaleuse, t. 2, p. 93 :
vingt laquetz arbalestriers aussy gascons; gasc.
laquay, xves. d'apr.
Lespy-
Raym.;
lacays [« hommes de main, mercenaires »]
de Perpinhan dans un texte a. prov. de 1475, lettre de
Pascal du Four, évêque de Pamiers, publ. ds
B. Soc. ariégeoise des Sciences, lettres et arts, t. 3, p. 107; v. aussi W. Kurrelmeyer ds
Mod. Lang. Notes t. 34, pp. 411-413), d'orig. obsc. : − C. N. Caix (ds
Rassegna settimanale t. 9, 1882, pp. 75-76), s'appuyant sur la forme
laquet « valet à pied » qu'il croit, à la suite de
Ménage 1694, attestée chez Froissart, et sur la forme
halague (
supra 1477 ds
Du Cange), propose un empr. au turc
ulaq « courrier », peut-être par l'intermédiaire du gr. byz. ο
υ
̓
λ
α
́
κ
η
ς,; cette hyp. est reprise par
FEW t. 19, p. 196 et
Bl.-W.
5, qui y ajoutent une infl. de l'a. prov.
lecai « gourmand » pour expliquer le
i de
laquais; elle se heurte au fait que
laquet est prob. faussement attribué à Froissart (
Gdf.,
s.v. naquet, attribue en effet le même cont. à
Fauchet,
Orig. des cheval., éd. 1611), et que
halague ds
Du Cange n'est pas la forme la plus anc.; − L. Spitzer (ds
R. Filol. esp. t. 12, pp. 239-245) suivi par
Bl.-W.
2-3et
REW3n
o4657, a proposé d'y voir un empr. au cat.
alacay qui serait issu de l'ar.
al qā'id « le chef »; le mot est en effet ancien en cat. (1470,
lacayo ds
Alc.-
Moll.;
alacayo en 1490 d'apr.
Cor.-
Pasc.,
s.v. lacayo; le mot est également ancien en esp. : début
xves.
lacayo, Villasandino ds
Cor.-
Pasc.) mais la forme cat.
alacay n'est attestée qu'en 1558 au sens de « domestique » (ds
Alc.-
Moll.; les formes cat. sont prob. empr. à l'esp.) et l'étymon ar. fait difficulté du point de vue phonét. (v.
Cor.-
Pasc.). −
Diez puis
EWFS2et
Cor.-
Pasc. croient ce mot empr. à l'a. prov.
lecai « glouton, avide » (dér. de
lec(h)ar, lécher*;
Cor.-
Pasc. ajoute à l'appui de cette hyp. une intéressante docum. dial., essentiellement basque) mais cette étymol. fait aussi difficulté du point de vue phonét., le
a initial des formes anc. ne pouvant s'expliquer que par des contaminations.