LANGUIR, verbe intrans.
Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1130 « être abattu par une peine épuisante, affaiblissant le corps et l'esprit », spéc. « souffrir les tourments de l'amour » (
Cantique des cantiques, 51 ds T.-L. : d'amors
languis [
amore langueo, Cant., 2, 5]) : 1288, [ms. A]
faire languir (Floire et Blancheflor, 2186,
ibid.); 1487 part. prés. adj. « abattu physiquement et moralement » (L.
Garbin,
Vocab. fr.-lat. ds
FEW t. 5, p. 162 a);
b) 1280
yex languissans (
Clef d'amors, éd. A. Doutrepont, 2037);
c) 1869
se languir « se morfondre, s'ennuyer » (A.
Daudet,
Lettres de mon moulin, Chèvre de M. Seguin, Paris, Bibl. Charpentier, Fasquelle, s.d., p. 41);
2. a) ca 1140 « être abattu physiquement, souffrant, malade; dépérir » (
Geoffroi Gaimar,
Estoire des Engleis, éd. A. Bell, 3288); 1
remoitié
xiies. (
Ps. Oxford, 87, 9 ds T.-L.);
ca 1274
faire languir (A.
Le Roi,
Berte, éd. A. Henry, 1543);
b) mil.
xives. « (d'une chose) manquer de force, d'activité » (
Bersuire, [Bibl. nat. fr. 20 312 ter] fol. 106 v
ods
Littré); 1606 part. prés. adj. « (d'une œuvre de l'esprit) qui manque de force, de fermeté » (M.
Regnier,
Satire IX, 60, éd. G. Raibaud, p. 95 : ... un vers trop
languissant);
c) 1690 « (de végétaux) s'étioler » (
Fur.);
3. ca 1465
languir de + inf. « désirer avec impatience » (
Folie des gorriers, 512 ds E.
Picot,
Recueil gén. des Sotties, t. 1, p. 169); 1645
faire languir « faire attendre » (
Corneille,
Théodore, IV, 2); 1671, 23 mars
languir après (qqc.) « attendre impatiemment » (
Sévigné,
Lettres, éd. Gérard-Gailly, t. 1, p. 234); Du lat. vulg.
languire (apr. le
vieds
TLL s.v. VII, 2, 921, 23, v. aussi
Vään. § 313;
cf. ital.
languire) class.
languere « être languissant, abattu; être nonchalant, mou, indolent, languir ». La forme pronom.
se languir est due à l'infl. du prov.
se langui « s'ennuyer, avoir le mal du pays » (
Mistral).