LANGUE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. 2
emoitié
xes. anat.
lingua (
St Léger, éd. J. Linskill, 158); 1
erquart
xiies.
langue(t) (
Cantique des cantiques, 26 ds
Foerster-
Koschwitz, p. 165a);
2. 2
emoitié
xes.
lingu' « cet organe, considéré comme principal agent de la parole » (
St Léger, 169);
ca 1210 (
Guiot de Provins,
Bible, éd. J. Orr, 2431 : il ferait une fort glose Es
lengues fauses deslïées, Qui devroient estre lïées De ceu que j'oi dire es decreiz); 1424
longue langue « langue bavarde » (A.
Chartier,
Belle Dame sans mercy, éd. A. Piaget, 736); 1606
avoir la langue longue, avoir la langue bien pendue « être très bavard » (
Nicot);
ca 1260
mauvaises laingues « mauvais propos » (
Ménestrel Reims, éd. N. de Wailly; § 281); 1528
mauvaises langues « médisants » (
Percef., V, fol. 85b ds
La Curne); 1549
l'avoir sur le bout de la langue « être sur le point de le dire » (
Est.); 1574
prendre langue « entrer en contact » (E.
Ph. Cosmopolite,
Deuxième Dialogue du Réveille-Matin des Français d'apr.
FEW t. 5, p. 358b); 1676
jeter sa langue aux chiens « renoncer à deviner » (
Sév.,
Lettre, éd. Monmerqué, t. 4, p. 354, n
o500),
cf. l'expr.
bon à jeter aux chiens, s.v. chien; 1842
donner sa langue aux chiens « id. » (
Sue,
Myst. Paris, t. 1, p. 333); 1845-46
jeter sa langue aux chats « id. » (
Besch.); 1860
donner sa langue aux chats « id. » (
Goncourt,
Ch. Demailly, p. 227); pour l'explication v.
Rey-
Chantr. Expr.; 3. fin
xes.
lingue « système d'expression de la pensée commun à un groupe » (
Passion, éd. D'A. S. Avalle, 459); spéc.
langue verte 1820-40 (Ms. Jacquinot ds
Larch.
Suppl. 1883, XI : Professeur de
langue verte : Joueur ruiné s'offrant comme conseil et empruntant aux gagnants), d'où l'accept. « argot des joueurs » donnée par
Michel en 1856 et reprise par
Delvau; 1864 désigne prob. les mots crus (
Delvau,
Dict. érotique mod., par un professeur de
langue verte ds
Larch. Nouv. Suppl. 1889); 1866 « argot » (
Delvau, v. introd., pp. X-Xij);
4. p. anal. de forme
ca 1165
lengue « languettes d'une banderole » (
Benoît de Ste-
Maure,
Troie, éd. L. Constans, 2481); 1347-48
langue de terre « pièce étroite de terre enclavée dans d'autres terres » (
Compte des eaux et forêts du douaire de la reine Jeanne d'Evreux, 402 H ds C. A.
Bevans,
The Old French Vocabulary of Champagne, p. 23); 1636
langue de terre « péninsule » (
Monet). Du lat.
lingua terme d'anat., « organe de la parole », « système d'expression commun à un groupe » et dans des sens métaph. comme « péninsule », v. aussi
TLL s.v., 1446, 62-67. L'expr.
langue verte peut s'expliquer p. réf. au tapis vert des joueurs, ou par la hardiesse et crudité de ce vocab. (
cf. Esn.,
s.v. vert et
FEW t. 14, p. 507b et notes 3 et 4).