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LAID, LAIDE, adj. et subst.
Étymol. et Hist. Ca 1100 « désagréable, horrible, odieux, repoussant (d'une personne) » (Roland, éd. J. Bédier, 3238 : La premere [eschele] est des Canelius les laiz). A. Adj. 1. 1155 « qui est d'aspect désagréable » (Wace, Brut, 1563 ds T.-L. : Methael fu la plus laie); 2. a) 1155 « horrible » (Id., op. cit., 9176, ibid. : laide destructïun); b) ca 1160 « qui inspire le mépris » (Moniage Guillaume, I, 347, ibid. : cose laide); ca 1160 lait tens (Eneas, 192, ibid.); 1160-74 li roiz... mout li fet leide chere (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 175). B. Subst. 1. 1121-34 faire grant lait « causer un préjudice » (Philippe de Thaon, Bestiaire, 1104 ds T.-L.); 2. 1668 « laideur » (Racine, Plaideurs, III, 3). De l'a. b. frq. laiþ « désagréable, contrariant, rebutant », de la même famille que l'all. leid, adj. et Leid, subst. « mal, peine, souffrance, douleur » (cf. Kluge20et Duden Etymol.), et qui correspond à l'a. h. all. leid « désagréable, affligeant »; m. h. all. leid « id. ». Le sens primitif « désagréable, outrageant, odieux », attesté dès le début du xiies. en fr., s'est maintenu dans les dér. dialectaux, comme le norm. laidure « outrage » et le manceau laidanger « outrager », v. FEW t. 16, p. 439b. Le sens esthétique, bien que déjà attesté au tout début du xiies. ne s'est répandu qu'à partir du xives., et a fini par évincer le sens premier du mot.