LADRE, subst. et adj.
Étymol. et Hist. 1. a) Dernier quart
xiies.
lazre « lépreux » adj. masc. (
Thomas,
Tristan, 1783 ds T.-L.); 1552
ladre verd (
Rabelais,
Quart Livre, LXVI, éd. R. Marichal, p. 264); 1568
ladre blanc (
Paré, XXII, 11, éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 3, p. 279 b, note 2);
b) 1533
ladresse adj. fém. (
Lancelot du lac, III, fol. 110 a ds
Gdf.);
2. a) 1475, 30 mai art vétér.
vieille truie ladresse (
Livre de raison de l'abbaye de St Martin de Pontoise, éd. J. Depoin, 1900, p. 186);
b) 1564 [porc]
ladre (
Thierry);
3. 1575 « insensible moralement » (
Thevet,
Cosmogr., VI, 1,
Hug.);
4. 1640
ladre « avare » (
Oudin Curiositez). De l'anthropon. lat.
Lazarus, soit, d'apr. l'hyp. le plus gén. avancée (
FEW, t. 5, p. 233 b;
Bl.-W.
5), en réf. à la parabole rapportée par
Luc, XVI, 19-27, comme étant le nom du pauvre rongé d'ulcères (affection prob. assimilée à la lèpre) gisant à la porte du mauvais riche; soit, en réf. à
Jean, XI, 1-44, comme étant le nom du frère de Marie et de Marthe de Béthanie, ressuscité par le Christ, les lépreux, dépourvus de tout droit, étant considérés au Moy. Âge comme des cadavres vivants (H. et R.
Kahane ds R.
ling. rom. t. 26, 1962, pp. 134-135 qui citent un édit de Rothari, roi des Lombards,
viies. : [le lépreux]
tamquam mortuus habetur);
cf. le lat. médiév.
lazarus « lépreux » 1135 ds
Nierm., v. aussi
Du Cange et
Blaise Lat. med. Aev. Le sens 3, p. allus. à l'insensibilité physique des lépreux; 4, peut-être en réf. à l'état d'indigence des lépreux qui ne pouvaient posséder aucun bien,
cf. av. 1593
riche comme un ladre « indigent » (G.
Bouchet ds
Hug.).