JURY, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. 1588 « réunion de jurés d'un tribunal de justice (en Angleterre) » (
Apologie de l'exécution de Marie Stuard ds
Fonds Barbier : Voicy le dernier mot que j'ay délibéré de te donner à entendre, à sçavoir
juri, que j'ay tourné par les douze hommes jurez en tel cas);
2. 1790
« id. (en France) » (
Gazette nationale, ou
le Moniteur universel, 6 avril 1790, 394 b ds
Höfler Anglic.) aussi sous la forme
juré (
Décrets organiques de la Constitution, Moniteur, 3 janvier 1791,
ibid., p. 90);
3. 1793 « réunion de personnes choisies pour statuer sur la valeur ou la qualité d'une réalisation » (
Comité de Salut Public ds
Carnot,
Correspondante, t. 3, p. 132 d'apr.
Brunot t. 9, p. 950, note 8 : Le comité de Salut public, sentant la nécessité de former un
« jury » particulier pour juger toutes les machines de guerre et inventions nouvelles [...]), sens déjà attesté en 1792 sous la forme
juré (
Chron. du Mois, juin 1792, p. 13 ds
Brunot t. 9, p. 1035, note 3 : une espèce de « juré » pour décider du mérite des auteurs et de leurs ouvrages). Empr. à l'angl.
jury qui à l'orig. désignait la réunion de personnes choisies pour statuer sur une question particulière, la forme
jury étant une transcr. de l'a. fr.
juree « serment » (
xiiies. ds T.-L.) d'où « enquête juridique » (dep. le
xiiies. ds
Gdf., les personnes interrogées prêtant serment,
cf. jureur); le m. angl. ayant empr. le terme dans ce sens, celui-ci a désigné le groupe des personnes interrogées pour statuer sur le sort d'un prévenu
(cf. NED). L'adoption du terme lors de la création de l'institution correspondante en France a donné lieu à des discussions et à des hésitations, certains voulant lui donner la forme
juré ou
jurie ou reprendre le terme
jurande (
cf. Brunot ds
Mél. Baldensperger, t. 1, 1930, pp. 86-95).