JURER, verbe
Étymol. et Hist. A. Trans.
1. a) 842 « assurer, promettre formellement » (un serment) sagrament que son fradre Karlo
iurat (
Serments de Strasbourg ds
Henry Chrestomathie);
b) ca 1100 « assurer, promettre en prêtant serment » (
Roland, éd. J. Bédier, 605);
2. a) ca 1100 « prendre à témoin, prendre pour gage du sérieux d'un serment » (
ibid., 3232)
cf. en fr. mod.
il a juré son grand dieu (
Fur. 1690) et
jurer ses grands dieux (1713,
Hamilton,
Mém. du Comte de Grammont, éd. 1731, 10 ds
Littré);
b) 1306 prendre à témoin (un être sacré) pour faire un serment, cet acte étant considéré comme sacrilège (
Joinville,
St Louis, éd. N.-L. Corbett, § 686);
3. ca 1100 « promettre, vouloir fermement » (
Roland, éd. J. Bédier, 1457 : guenes li fels
ad nostre mort
juree);
4. ca 1100 « promettre en mariage, fiancer » (
ibid., 3710);
5. a) 1461-69 « affirmer avec force, promettre (sans faire de serment) » (
Pathelin, éd. R. T. Holbrook, 246);
b) 1759
on jurerait « on pourrait vraiment croire » (
Caraccioli,
Le Livre à la Mode, nouv. éd., 1759, p. 51 d'apr. B.
Henschel ds
Fr. mod. t. 37, p. 119).
B. Intrans.
1. a) ca 1150
« id. » avec un compl. prép. indiquant l'être pris à témoin ou la chose engageant le serment
jurer sur (
Wace,
St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 749);
b) ca 1225 « avec un compl. prép. indiquant l'objet, le propos du serment »
jurer de qqc. ici
en jurer (
Florence de Rome, 4979 ds T.-L.);
2. 1160-74 « invoquer de manière sacrilège le nom d'êtres ou de choses sacrées » (
Wace,
Rou, éd. A. J. Holden, II, 1724);
3. 1665 mus. « faire entendre un son désagréable » (
Boileau,
Satires, éd. A. Cahen, III, 148); 1688 plus gén. « être discordant » (
La Bruyère,
Caractères, Œuvres, éd. G. Servois, t. 2, p. 179);
4. 1585 « faire des affirmations ou des protestations sur le ton de serments » (N.
du Fail,
Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. 2, p. 275). Du lat.
jurare « jurer, prêter serment, prendre à témoin, engager par son serment ».