JOUR, subst. masc.
Étymol. et Hist. I. Espace de temps.
A. Intervalle de temps écoulé pendant une rotation complète de la terre
1. servant à situer un événement, une action, un fait
a) 2
emoitié
xes. en réf. au passé
a ciel jorn (
Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 208);
id. empl. avec un adj. numéral ordinal (
ibid., 474);
b) ca 1050 en réf. au prés.
oi cest jorn (
St Alexis , éd. Chr. Storey, 542);
c) ca 1100 « jour fixé pour la célébration d'une fête [ici, en réf. au fut.] » (
Roland, éd. J. Bédier, 54); 1130-40
le jor d'une solemnité (
Wace,
Conception, 682 ds T.-L.);
d) 1281 « le premier jour »
le jour de may (
Livre Roisin, éd. Brun-Lavainne, p. 295, 332);
ca 1380-88
le jour de l'an (
Froissart,
Meliador, 21413 ds T.-L.);
e) 1297 plur. « jours où se tiennent des assises solennelles »
les jours de Troies (doc. ds
Du Cange,
s.v. dies magni);
2. considéré dans sa durée
a) ca 1050 (
St Alexis, 471);
id. durée déterminée; empl. avec adj. numéral cardinal (
ibid., 572);
ca 1135 plur. « temps de vie, vie »
les jorz de ton ëage (
Couronnement de Louis, 390 ds T.-L.);
b) début
xiies. considéré par rapport à l'emploi qu'on en fait
jurn uvrer (
Benedeit,
St Brendan, 749,
ibid., s.v. ovrier);
3. ca 1274 considéré par rapport à l'état de l'atmosphère (
Adenet Le Roi,
Berte, éd. A. Henry, 272 : Par un
jour si tres bel).
B. Intervalle de temps compris entre le lever et le coucher du soleil.
Ca 1050 (
St Alexis, 51 : Quant li
jurz passet ed il fut anuitet).
II. Clarté
1. ca 1100 « clarté donnée à la terre par le soleil » (
Roland, 667 : Par main en l'albe, si cum li
jurz esclairet); 1155 (
Wace,
Brut, 6044 ds T.-L. : le
jur oscurer);
2. « lumière naturelle dont l'origine est le soleil » 1176
au jour (p. oppos. à la pénombre) (
Chrétien de Troyes,
Cligès, éd. A. Micha, 6277); 1188
esgarder a jor (
Florimont, 8819 ds T.-L.);
3. a) 1572 « manière dont un objet est éclairé » (
Amyot,
Com. refréner la colère, 37 ds
Littré); 1606 peinture (
Nicot);
b) 1588 fig. « manière de voir, de présenter une chose » (
Montaigne,
Essais, III, XIII, éd. A. Thibaudet et M. Rat, p. 1059);
4. 1600 « éclaircissement, explication » (O.
de Serres,
Theatre d'agriculture, VI, XXIV, éd. Genève, M. Berjon, 1611, p. 809);
5. av. 1628 fig.
mettre au jour « rendre patent, public, révéler » (
Malherbe, I, 2 ds
Littré);
6. 1636
mettre au jour « donner naissance, donner la vie » (
Corneille,
Cid, V, 6).
III. Ce qui laisse passer le jour
A. 1. 1334 archit. « ouverture pratiquée dans une porte, dans une fenêtre » (
Lettre de Philippe de Valois, Félibien,
Hist. de Paris, III, 240 b ds
Gdf.);
2. 1559 fig.
voir le jour à travers (qqc.) « voir la supercherie, ne pas être dupe de quelque chose » (
Amyot,
Marius, XXIV, éd. G. Walter, t. 1, p. 932);
3. 1616-20
persé à jour (D'
Aubigné,
Hist. univ., XIII, 17 ds
Hug. :
persé à jour de deux coups d'espée); 1689, 4 févr.
percer (qqn) à jour « toucher au vif » (
Sévigné,
Lettres, éd. É. Gérard-Gailly, t. 3, p. 339); 1732
id. « pénétrer habilement la pensée de quelqu'un »
(Trév.). B. Fig. « voie d'accès »
1. 1644 « possibilité, moyen » (
Corneille,
Rodogune, V, 4);
2. a) 1661
faire jour à (qqn) à (qqc.) « ouvrir l'accès de quelque chose à quelqu'un » (
Molière,
Don Garcie, V, 1); 1667
se faire jour au travers de « se frayer un chemin » (
Racine,
Andromaque, III, 1);
b) 1835 empl. abs.
se faire jour « apparaître »
(Ac.). Du subst. lat.
diurnum, synon. de
dies « jour » à basse époque, attesté au 1
ers. aux sens de « ration, salaire journaliers » et de « registre où sont consignés les actes du peuple et du Sénat [
cf. journal*]; registre de comptes », substantivation de l'adj.
diurnus « journalier, quotidien »; de même orig., l'a. prov.
jorn (
xiies. ds
Rayn.), l'ital.
giorno, le cat.
jorn; du lat. class.
dies « jour de 24 heures; jour (opposé à la nuit) », l'a. fr.
di (842,
Serments, éd.
Henry Chrestomathie, p. 2, 4), l'a. prov.
dia (
ca 1060,
Chanson de Sainte Foy),
di (début
xies.
Boèce, 176 : ms.
dias, mais la versif. exige
dis), l'ital.
dia, di, le cat. esp. port.
dia (
dia, à travers un type lat.
*dia);
cf. le type
jeudi.