JOUE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 « partie latérale du visage de l'homme » (
Roland, éd. J. Bédier, 3921);
a) 1168-91 (
Chrétien de Troyes,
Perceval, éd. F. Lecoy, 2895 : Que de la bufe se doloit Qui li fu an la
joe asise); 1690 (
Fur. : la pudeur lui a mis un beau vermillon sur ses
joues);
b) 1618
avoir le mousquet en joue (D'
Aubigné,
Hist., II, 431 ds
Littré);
2. 1
remoitié
xiies. « mâchoire d'un animal »
les jodes [
molas]
des lëuns (
Ps. Oxford, 57, 6 ds T.-L.);
ca 1170
par la joue les pris [le lion et l'ours]
e retinc [
apprehendebam mentum eorum] (
Rois, I, XVI, 35, éd. E.R. Curtius, p. 34);
cf. ca 1200 (
Godefroy de Bouillon, 58 ds T.-L. : escu ot fort et dur des
jöes d'un delfin);
ca 1393 « partie latérale de la tête d'un animal »
la jöe de beuf (
Ménagier, II, 88,
ibid.);
3. 1426 techn. « dispositif en métal servant à maintenir un élément de construction » (doc. Arch. de Tournai ds
Gdf.
Compl.); 1446 « mur latéral » [
cf. jouée*]
(id., ibid.). Issu d'une forme *
gauta se rattachant prob. à la base prélat. *
gaba « jabot, gosier »
(v. gaver, gavot, jabot) à travers un dér. déjà prélat. *
gabota, *
gabuta; cf. les corresp. du domaine de l'Italie du Nord de type
gaulta, le cat.
galta (
FEW t. 4, pp. 9 b-10 a), ainsi que l'a.prov.
gauta (fin
xiies. ds
Rayn.) et le fr.-prov.
dzóta, dzauta, dzúta (
Dur. 2658).