JOUALLE, subst. fém.
Étymol. et Hist. xvies. Bordelais
jouale « latte de bois posée sur deux branches fourchues servant de berceau à la vigne » (
Chron. bourdeloise, 43, éd. 1672 d'apr. A. Delboulle ds
Romania t. 33, 1904, p. 561); 1793-94 Agenais
joualles « rang de ceps de vignes alternant avec des bandes de terrain semées de céréales » (doc. Arch. du Lot-et-Garonne ds P.
Deffontaine,
Les hommes et leurs travaux dans le pays de Moyenne Garonne, 1932, p. 227, note 2 : depuis quelques années, on a introduit un nouveau mode de planter la vigne en Agenais : on les plante à 6 pieds de distance et on les travaille à la charrue. Ces lignes s'appellent
cancé ou
joualles). Terme des pays de Moyenne Garonne, attesté en a. gasc. au
xves. sous la forme
joalle pour désigner une mesure de longueur appliquée à la vigne (1483 Arch. Gironde G 1731 ds A.
Brutails,
Recueil sur l'équivalence des anc. mesures de la Gironde, 1942, p. 41), substantivation de * [
vinha]
joalle, forme fém. de
joual, jouaou « rangée de vigne » (Agen ds
FEW t. 5, p. 61 a), auquel correspond dans le domaine d'oïl, le blésois
jouau « sorte de berceau pour lier la vigne » 1301 et « planche de vigne » 1511 ds
Thibault s.v., attesté, d'autre part dès 1276 par son dér.
jouallée « rangée de vigne alternant avec des sillons de céréales » (Charte blésoise citée par A.
Thomas ds
Romania t. 39, 1910, p. 235;
cf. en 1340
joualée de vigne mesure de superficie agraire ds
Gdf.,
s.v. jalaie).
Jouau représente le lat.
jugalis « en forme de joug », employé substantivement, dont dérive également une forme parallèle *
joel, d'où le fém.
jouelle « pièce de bois servant à attacher la vigne » (1555
Cottereau [originaire de Tours],
Colum. ds
Gdf.;
cf. Columelle
jugare vineam « attacher la vigne »);
cf. les accept. techn. de
jugum, s.v. joug.