JONGLER, verbe intrans.
Étymol. et Hist. A. 1. xves. [ms.]
jongler à qqn « s'amuser avec quelqu'un » (
Froissart,
Chroniques, éd. S. Luce, t. 12, p. 21), attest. isolée;
2. 1546 « faire des plaisanteries » (
Est.,
s.v. Iocari : Railler..., farcer, rigoler,
jongler), donné comme vieux par
Rich. 1680;
3. 1690 « faire des tours de passe-passe » (
Fur.).
B. 1. 1863 fig. « manier de façon adroite et désinvolte » (
Goncourt,
Journal, p. 377 : [il] fait des cabrioles de phrases,
jongle avec ses plus beaux paradoxes);
2. 1893
jongler avec les difficultés (DG). Altération sous l'infl. de
jangler « bavarder, plaisanter, hâbler, médire » (
xiies.-1660 d'apr.
FEW t. 16, p. 280b;
cf. aussi pour le sens de « bavarder »
jongler 1801,
Crèvecœur,
Voyage, t. 2, p. 122) d'un a. b. frq. *
jangalon « bavarder » (
cf. m. néerl.
janken « gémir »;
jangelen « murmurer, grommeler, miauler»; m. b. all.
janken « gémir, se lamenter, piauler »); de l'a. fr.
jogler « se jouer de » (
xiie-
xiiies.,
cf. FEW t. 5, p. 41 a-b) et « plaisanter; faire le métier de jongleur » (
xiiies.,
ibid.), lui-même issu du lat.
joculari « dire des plaisanteries ».