ISARD, IZARD, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1387-91 (G.
Phébus,
Chasse, éd. G. Tilander, IV, 3-4 : Des boucs y a de deux manieres, les uns s'apellent boucs sauvaiges et les autres
boucs ysarus, et aucuns les apellent
sarus); 1553 (P.
Belon,
Obs. de plusieurs singularitez..., éd. 1588, p. 120 : Le Roy le [chamois] nomme un
Ysard, mais c'est une antique diction Françoise); 1614 (G.
Mauran,
Somm. description du païs et comté de Bigorre, éd. G. Balencie, 1887, p. 57 : Chevreuils vulgairement appelés
issars). Terme attesté de part et d'autre des Pyrénées : dans le domaine ibér. : cat.
isard (
xives. ds
Alc.-
Moll), aragonais
sisardo, chizardo et
sarrio (d'où le cast.
sarrio 1625 ds
Cor.
s.v.); dans le domaine gallo-rom. où l'on peut distinguer 2 types de formes réparties de part et d'autre de la limite entre Pyrénées-atlantiques et Hautes-Pyrénées, passant par le Balaïtous (v. J.
Séguy,
Atlas ling. de la Gascogne, carte n
o16) : le type
sarri à l'ouest (vallées de Barétous, d'Aspe, d'Ossau, haute vallée du gave de Pau, avec les dér.
sarride « troupe d'isards »,
sarrié adj. « de l'isard »,
sarriat « petit de l'isard »,
Palay,
Lespy-
Raym.
s.v. sarri; v. aussi
Roll.
Faune t. 7, p. 218); le type
isart à l'est (
xives. Ariège
uzars, uzarns plur.,
Elucidari, ms. Ste Geneviève, fol. 127 et 166 ds
Rayn. t. 5, p. 455 b; hautes vallées de la Garonne et du Salat, vallées du Lez et de l'Ariège
isart, vallées d'Aure et de Luchon
idart, v. (
Rohlfs Gasc., § 41). L'ensemble de ces mots, d'orig. prérom., semble issu d'une base
izarr-, de sens mal élucidé, appartenant au substrat pyr., peut-être ant. au basque (l'absence du mot en basque mod. s'expliquant par le fait que l'isard n'appartient qu'à la faune des hauts sommets dont est dépourvu l'actuel territoire basque); d'apr.
Rohlfs op. cit. § 466, v. aussi ds
Z. rom. Philol. t. 47, 1927, p. 401, la dissimilation
-rr-rd- que présentent un certain nombre de mots de l'anc. substrat est un fait hisp. remontant à l'articulation prérom. À la suite de
Bertoldi ds
Z. rom. Philol. t. 57, 1937,p. 146-47, certains (notamment
FEW t. 4, p. 826 b) admettent un rattachement au basque
izar « étoile » en raison de la tache blanche que portent les tout jeunes isards sur le front; le type
isar-t s'expliquerait dans ce cas par le suff. basque
-di exprimant la présence de quelque chose : *
isar-di « là où se trouve une étoile » (
cf. le basque
izar-dun « étoile; cheval qui a une étoile au front » ds
Lhande, p. 567); cette hyp. est révoquée en doute par
Rohlfs op. cit. § 41 et
Cor.
loc. cit.