IMPÉRATIF, -IVE, adj. et subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. Ca 1245 subst. gramm. (H.
d'Andeli,
Bataille des .VII. ars, éd. A. Héron, 387);
2. 1486 adj. « qui exprime le commandement, l'obligation de faire quelque chose » (Expos. de la reigle, M.S. Ben., f
o97d ds
Gdf.
Compl.);
3. 1801 subst. philos. (
De Villers,
Philosophie de Kant, p. 385). Empr. au b. lat.
imperativus terme de gramm., et au passif, au sens de « qui a été ordonné », formé sur le supin
imperatum de
imperare « commander ».
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Histoire :
A. 1. a. mode impératif loc. nom. masc. « mode du verbe qui présente l'action sous la forme d'un ordre » (grammaire). Attesté depuis fin 12e siècle (AelfricfH, page 101 = Städtler, TraLiPhi 37, page 127 : imperativo modo : par la imperatif met). -
A. 1. b. impératif subst. masc. « mode du verbe qui présente l'action sous la forme d'un ordre » (grammaire). Attesté depuis ca 1236 (HAndBatC, page 70, vers 388 = DEAF I 123, 47 : Uns des garçons dame Logique Fu envoiez a Gramatique […]. N'avoit pas bien assavoré Conjugacions anormales […]. Et genres et nominatis Et supins et imperatis). La première attestation dans un texte grammatical date de la 2e moitié du 13e siècle (DonatbS, page 86, § 12 : Li imperatis n'a que .ij. tans, porce que on ne puet commander que de fait present ou a venir). -
A. 3. impératif adj. « qui est relatif au mode du verbe qui présente l'action sous la forme d'un ordre ». Attesté depuis 1550 (Meigret, Traité, page 72 : Au regard de l'impérative mode ou commandante, elle n'a point de prétérit). -
A. 2. impératif subst. masc. « une des formes du mode du verbe qui présente l'action sous la forme d'un ordre ». Attesté depuis 1660 (Lancelot, Grammaire, page 102 = Frantext : Outre que souvent quelques‑unes de ces personnes [des trois personnes du singulier], n'estant pas jointes au pronom, deviennent imperatif, comme voy, ayme, lis, etc.). -
B. 1. a. impératif adj. « qui contient, qui exprime un ordre» . Attesté depuis 1718 (Ac2 : impératif. adjectif. En termes de Pratique, on appelle, Disposition imperative, Celle qui ordonne absolument de faire quelque chose). On relève une attestation de ce sémantisme en 1486 (Expos. Reigle S. Ben., fo 97d, in GdfC). Pour ce qui est de l'attestation de la deuxième moitié du 14e siècle fournie par AalmaR, page 196, no 5692 : imperativus. ‑va. vum : imperatis, comandeur, il est impossible de décider du sens à donner à cette traduction. -
B. 1. b. α. impératif adj. « qui ordonne de façon absolue ». Attesté depuis av. 1400 (JPreisMyrB, volume 3, page 388 = DMF2 : Si li vint I nuit en dormant saint Mychel l'archangele, qui li fait relacion de Dieu […], et l'apellat mult noblement en teil manire : « Ogier sains hons imperative, campions Dieu affermative […] »). -
B. 1. b. β. impératif adj. « qui a un caractère d'autorité ». Attesté depuis 1713 (Chasles, Françoises, volume 2, page 288 = Frantext : en effet un Elu n'était pas pour moi un assez gros seigneur pour le prendre d'un ton impératif). -
B. 1. c. impératif adj. « qui est urgent, qui s'impose ». Attesté depuis 1828 (Pons, Bataille, page 187, in Google, Recherche de Livres : Le besoin impératif d'empêcher que les ennemis débouchassent de Romainville et de Pantin). -
B. 2. a. α. impératif catégorique loc. nom. masc. « prescription morale absolue » (philosophie). Attesté depuis 1801 (Villers, Kant, page 585 : Kant a nommé ces préceptes, pour l'autorité irrévocable et sans restriction avec laquelle ils s'établissent d'eux mêmes, l'impératif catégorique de la conscience). -
B. 2. a. β. impératif hypothétique loc. nom. masc. « prescription morale liée à une fin » (philosophie). Attesté depuis 1831 (Schön, Philosophie, page 286 = Google, Recherche de Livres : L'impératif hypothétique étant limité par des conditions, on ne peut savoir pour quel sujet il est valable que lorsqu'on connaît la disposition de ce sujet et le but qu'il se propose). -
B. 2. a. impératif subst. masc. « prescription morale ». Attesté depuis 1893 (Blondel, Action, page 298 = Frantext : pour que l'idée même du droit soit un fait, pour que le sentiment de l'obligation pratique se dresse comme un impératif devant la volonté, il faut d'abord que nous ayons appris à placer le vrai motif de notre conduite ailleurs que dans les faits). -
B. 2. b. impératif subst. masc. « ce qui a un caractère d'urgence en raison de la situation ». Attesté depuis 1900 (Bos, RevPhilosFrEtrang 50, page 35, in Google, Recherche de Livres : En dehors de cette forme d'activité élémentaire, conséquence d'une sorte d'impératif vital, nous trouvons la croyance implicite comme condition de chacun des phénomènes psychiques qui nous ont paru nécessaires à la constitution de la croyance explicite). -
Origine :
A. 1. a. Transfert linguistique : calque du latin des grammairiens imperativus modus loc. nom. masc. « mode du verbe qui présente l'action sous la forme d'un ordre » (attesté depuis Diomède [ca 370], TLL 7/1, 553). Cf. Bossard in FEW 4, 584b, imperativus I ; Städtler, Grammatiksprache 221.
A. 1. b./A. 2./B. 2. a./B. 2. b/A. 3. Transfert linguistique : emprunt au latin des grammairiens imperativus subst. masc. « mode du verbe qui présente l'action sous la forme d'un ordre » (attesté depuis Priscien, TLL 7/1, 553). Cet emprunt est attesté en continu depuis les premiers témoignages d'un discours grammatical français. Pour ce qui est de l'adjectif impératif (A. 3.), il est emprunté au latin des grammairiens imperativus adj. « qui est relatif au mode du verbe qui présente l'action sous la forme d'un ordre » (attesté depuis Diomède [ca 370], TLL 7/1, 553).
B. 1. a./B. 1. b. α./B. 1. b. β./B. 1. c. Transfert linguistique : emprunt au latin imperativus adj. « qui exprime un ordre » (attesté depuis le Concile d'Éphèse [431], TLL 7/1, 553). Cf. Bossard in FEW 4, 584b, imperativus II.
B. 2. a. α./B. 2. a. β. Transfert linguistique : calque de l'allemand kategorischer Imperativ loc. nom. masc. et hypothetischer Imperativ loc. nom. masc., forgées en 1785 par le philosophe allemand Émmanuel Kant dans son œuvre Grundlegung zur Metaphysik der Sitten.Entré dès le 12e siècle dans la terminologie grammaticale (A. 1./2.) et passé au 14e siècle dans la langue générale (B. 1.), impératif a été, à partir de 1801, employé comme substantif masculin dans le vocabulaire de la philosophie, calque de l'allemand de Kant, qui a distingué deux types d'impératifs (B. 2. a. α./B. 2. a. β). Par analogie, le mot a pris vers la fin du 19e siècle la valeur de « prescription morale » (B. 2. a.), d'où, par extension, au début du 20e siècle « ce qui a un caractère d'urgence » (B. 2. b.).
Rédaction TLF 1983 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2008 : Thomas Städtler.. - Relecture mise à jour 2008 : Nadine Steinfeld ; Sabine Tittel ; Gilles Petrequin ; Éva Buchi ; Gilles Roques.